Le temps des vaches maigres pour les associations...

Publié le 7 Juillet 2010

Après l'Etat, les collectivités locales se mettent à refermer le robinet aux subventions. Si le social s'en tire, les organismes qui interviennent dans la culture et le sport sont à l'épreuve...

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"Une catastrophe", "on va devoir mettre la clé sous la porte", "ne nous enterrez pas !" Depuis des mois, le monde associatif s'alarme de la baisse des subventions. Petits clubs sportifs, grosses associations œuvrant dans le social, troupes de théâtre... Beaucoup sont à la peine, certains craignent pour leur existence. Moins d'aides ? Oui, parce que l'Etat, d'abord, a resserré les cordons de la bourse. "Depuis dix ans, on constate une baisse progressive de son aide : -5% (corrigé de l'inflation) entre 1999 et 2005. La tendance s'est nettement accentuée, en 2010, sous l'effet de la crise", confirme Viviane Tchernonog, chercheuse au CNRS.

Surtout, il a transféré aux collectivités locales des compétences qui sont autant de charges financières nouvelles. Désormais, par exemple, une partie de l'entretien des routes est assurée par le département qui paie aussi le RSA, l'allocation personnalisée à l'autonomie et les prestations de compensation du handicap... Certes, l'Etat rembourse, mais pas complètement. "Pour l'ensemble des départements français, il manque quatre milliards d'euros", assure le socialiste costarmoricain Claudy Lebreton, qui préside l'Assemblée des départements de France.

Du coup, les budgets des conseils généraux sont devenus serrés comme des corsets de rosières. Les élus y regardent à deux fois avant de voter une dépense. Car un malheur n'arrivant jamais seul, la crise de l'immobilier a aussi fait chuter les recettes fiscales. "30 millions d'euros en moins depuis 2008", chiffre Pascal Allizard, responsable des finances au conseil général du Calvados. Comme tant d'autres, le département normand s'est recentré sur ses compétences. Par exemple, il continue de donner des aides aux classes de mer, mais seulement aux élèves de collèges, pas des écoles primaires.

Les associations impliquées dans les relations internationales ou intervenant dans le secteur de la santé font aussi les frais de cette rigueur. "En 2009, on donnait 1000 euros à la Ligue contre le cancer. Cette année, plus rien", cite ainsi l'élu UMP du Calvados. Le département des Côtes-d'Armor, l'un des plus généreux de France, serre lui aussi les boulons. A l'image de la Loire-Atlantique, il ne touchera pas aux associations qui œuvrent dans l'insertion ou la solidarité. Mais plus question d'aider le sport professionnel. "On a fait un tri", résume Claudy Lebreton, président du conseil général. Pour ce qui est de la vie culturelle, le département breton va privilégier la création locale. Mais il suspend "tout ce qui concerne l'entretien du patrimoine dont nous ne sommes pas propriétaires".

Nombre de communes aussi ont choisi de fermer le robinet à subventions. Les petites communes surtout, car les grandes villes semblent mieux supporter la conjoncture. "Nous avons été un peu oubliés par la deuxième loi de décentralisation qui a transformé les départements en organismes payeurs", explique le socialiste Jean-Claude Boulard, le maire du Mans. "Pour l'instant, le bloc communal a tenu. Mais pour combien de temps ?"

Source : Marc Mahuzier Ouest-France Edition Caen des 3 et 4 juillet 2010.

Rédigé par Stéphane Fleury

Publié dans #Associations

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