Le premier ministre Jean-Marc Ayrault en visite hier à Clichy-sous-Bois défend l’égalité pour la banlieue
Publié le 19 Février 2013
Allée Anatole-France, à Clichy-sous-Bois, hier, 15h45 : Jean-Marc Ayrault apparaît au balcon d’un logement tout neuf, entouré de François Lamy, ministre de la Ville, du maire PS Olivier Klein et du sénateur socialiste Claude Dilain. La vue sur le chantier de rénovation urbaine est imprenable. « Il se prend pour le pape? » rigole Ryma, Clichoise de 18 ans restée en bas. Si Clichy-sous-Bois, ville symbole des attentes de la banlieue, a l’habitude d’être sous les feux des projecteurs depuis 2005, jamais encore elle n’avait reçu la visite d’un Premier ministre en exercice. Hier, Jean-Marc Ayrault a rassuré « ces villes qui se battent », en défendant pour elles l’égalité.
« Ça nous change des messages qu’on a eu l’habitude d’avoir sur le 93 » commente Stéphane Troussel, président PS du conseil général qui dit avoir encore en mémoire le nettoyage au Kärcher, prôné il y a quelques années par Nicolas Sarkozy. De la résidence la Forestière jusqu’au lycée Nobel, Olivier Klein et Claude Dilain ont servi de guide aux ministres, dans un paysage où nombre de grues témoignent encore de l’ampleur du chantier, le plus important de France.
A l’écart de la nuée de journalistes, Ramy soupire, 23 ans, un BTS en aménagement et finition et pas de boulot. « La rénovation urbaine, c’est bien de l’extérieur mais ça ne change rien… » Jean-Marc Ayrault et François Lamy ont également fait une halte dans quelques commerces, dont la boucherie musulmane d’Ali, qui avait appris qu’un ministre passerait, sans savoir lequel. « Ça fait du bien de voir le Premier ministre à Clichy, ça veut dire qu’ici aussi c’est la France », commente le boucher, après coup.
Au centre social, Jean-Marc Ayrault sert un message de cohésion — « il n’y a pas deux sortes de Français », « il faut que la nation française reconnaisse tous ses atouts » —, prône le « retour d’une politique républicaine forte », ne veut pas réduire les quartiers à la seule question de la sécurité. Il sait les attentes fortes. Claude Dilain le répète assez : « On n’a pas besoin d’un plan Marshall, on veut juste être traité comme tout le monde. » Ça passe par les transports, qui, à part les bus, manquent cruellement. « Le désenclavement est une question évidente », concède Jean-Marc Ayrault, qui n’a rien voulu dire des arbitrages du Grand Paris Express avant le 6 mars.
Autre message à l’adresse des habitants : aucune politique ne pourra réussir sans eux. Pour ce faire, il a voulu entendre les acteurs de terrain, réunis au centre social. Et ils avaient beaucoup à dire : sur les étouffantes démarches administratives pour envisager une subvention (le centre social intercommunal a 10 salariés, 14 financiers et 48 dispositifs à gérer), sur la lenteur des versements. « Il faut nous aider à franchir les portes des autres ministères », demande Mariella, de l’association Permis de vivre ma ville.
François Lamy précise que des conventions seront signées avec chaque ministère, pour trois ans, permettant des partenariats entre Pôle emploi, l’agence régionale de santé, la CAF… L’annonce est bien perçue. Le reste des mesures sera précisé aujourd’hui, à Matignon. « Ce changement, on l’a voulu, maintenant il faut du concret », rappelle Mohamed Mechmache, fondateur d’Ac-Lefeu.
Source : Le Parisien