Le Billet de Veritis : Vous avez dit trotskyste ?…
Publié le 17 Mars 2011
Lors du dernier Conseil municipal que vous pouviez suivre en direct sur le site internet de la ville, le Maire d’Aulnay-sous-Bois a fait référence à son engagement politique trotskyste qui s’est déroulé durant une quinzaine d’ années avant qu’il ne rejoigne le Parti socialiste.
G.Ségura a alors indiqué qu’il assumait pleinement ce passé durant lequel il a pu se forger une « culture politique et dialectique » qu’il a qualifiée de « féconde » même si la vie et l’âge aidant - nous a-t-il dit - l’ont amené à évoluer dans ses positions.
Autant le dire tout de suite. Il est toujours bon qu’un responsable politique assume son passé. Cela est tout à son honneur.
Cependant, il est possible que de nombreux Aulnaysiens ne soient pas très au fait ni du trotskysme, ni des pratiques des groupes trotskystes, qui, à une certaine époque, tout au moins, se sont développées dans notre bon et vieux pays.
Qui est Trotsky ? C’est un révolutionnaire russe (ou plutôt soviétique) qui a participé à la fameuse révolution de 1917. Il est devenu le chef de l’Armée rouge, puis un dissident durant la période stalinienne. Exilé au Mexique, il y fut exécuté par des hommes de main payés par Staline. Cet épisode explique, pour beaucoup l’inconscient collectif qui rôde encore autour de ceux qui ont eu à connaître ces mouvements.
Mais il faut aller plus loin dans l’analyse pour tenter de comprendre les modes de fonctionnement de bon nombre des militants anciens ou des ex-militants de ces formations politiques ultra minoritaires. En rappelant également que ces dernières ont toutefois essayé, au cours de leur histoire, d’avoir une influence sur la vie politique supérieure à celle de leur effectif à vrai dire très limité.
Mon propos ne concerne pas ici les militants de base sincères qui ont cru ou croient toujours en la révolution et restent fidèles à un idéal qui n’a rien de méprisable, ou bien même des intellectuels avec lesquels il m’est arrivé de discuter. Cela n’empêche pas de critiquer certaines de leurs thèses ou de réfuter leurs analyses et d’en montrer les limites et les dangers.
Par quoi donc pourrait se caractériser une « formation » qualifiée de trotskyste ?
Les fins observateurs de la vie politique française ont mis en évidence quelques points saillants à propos de ce qu’il est convenu d’appeler la « mouvance trotskyste »
Le premier point est le goût du secret. En effet, s’agissant d’une formation « révolutionnaire » les notions de danger et de complot ne sont jamais bien loin. Il faut dire que l’histoire est riche en ce sens de phénomènes de ce genre. Ce n’est pas une raison pour cultiver, plus que nécessaire, une telle attitude.
Le deuxième point est l’esprit de clan ou de « chapelle ». La ligne politique s’apprécie à la virgule près. Dés lors, plusieurs organisations lilliputiennes se réclamant du trotskysme ont pu se combattre entre elles, chacune d’elles pensant détenir la vérité. Tout cela donc peut conduire assez facilement à un risque de sectarisme qu’il ne faut pas négliger.
Le troisième point est ce que l’on nomme l’entrisme. Qu’est-ce à dire ? Il s’agit tout simplement d’occuper un poste de responsabilité dans un syndicat (F.O. par ex.) ou de prendre pied dans un autre parti (le PS par ex.), pour peser de l’intérieur dans cette organisation. Nous voyons donc là, même si c’est pour la « bonne cause révolutionnaire », une forme de « duplicité » qui ne lasse pas d’étonner.
Le quatrième point c’est la notion de rapport de forces, liée à celle de lutte des classes. Par extension, celui qui ne pense pas pareil devient assez facilement un ennemi qu’il convient de combattre et de réduire. Parler de démocratie peut alors confiner à de l’abus de langage.
Le cinquième point c’est enfin une forme d’esprit que l’on pourrait qualifier de polémique (du grec polemos qui signifie « guerre »). Il ne s’agit pas alors et forcément de rechercher pas à pas - y compris par un processus dialectique - une vérité en train d’émerger, mais bien plutôt de plaquer une « vérité » toute faite sur la réalité même si on utilise pour cela des arguments plus ou moins contestables.
Que retenir de tout cela ?
Même s’il ne s’agit pas ici de réduire la pratique de tel ou tel militant ou dirigeant politique à la description qui en est faite plus haut, on peut toutefois, à la lumière de l’expérience, s’interroger sur le caractère persistant ou non de telle ou telle caractéristique mentionnée ci-dessus.