Le Billet de Veritis : Ces fous qui nous gouvernent…
Publié le 17 Mars 2011
Tel est le titre d’un ouvrage de P. de Sutter paru en 2007 aux éditions les Arènes.
En introduction de l’ouvrage figure une citation de F. Mitterrand : « Le pouvoir est une drogue qui rend fou quiconque y goûte ». Belle entrée en matière ! De la part d’un tel connaisseur, on ne peut qu’être frappé par la pertinence d’une telle remarque !
On en vient ensuite et directement aux questions qui fâchent : « La sphère politique est-elle une machine à broyer la santé mentale de ceux qui la fréquentent ? Les rivalités, le conflit permanent ne conduisent-ils pas à la paranoïa. Les différents masques et jeux de rôle du pouvoir ne favorisent-ils pas une forme de schizophrénie ? Peut-on accéder au pouvoir sans un minimum de mégalomanie, de manipulation, voire de mythomanie ? »
Sérieuses questions, en effet !
Selon David Winter, professeur au département de psychologie de l’Université du Michigan, il existe quatre éléments de base pour comprendre la personnalité d’un politicien.
Tout d’abord, le niveau public : c’est bien évidemment la partie la plus visible de la personnalité, la façon dont il apparaît aux yeux des autres.
Vient ensuite, son mode de fonctionnement. Comment envisage-t-il sa relation au monde extérieur ? A-t-il plutôt une personnalité coopérative ou conflictuelle ? Comment se perçoit-t-il ? Ce sont les aspects cognitifs de sa personnalité : ce qui se cache derrière le rideau des apparences.
Le troisième facteur réside dans la motivation profonde du politicien. Non pas celle qu’il veut bien déclarer, mais celle qui est réellement tapie dans l’ombre de son inconscient. Alors, un comportement à priori incompréhensible peut s’éclairer soudain…
Le quatrième domaine résulte enfin du contexte social : origine, enfance, adolescence, vie adulte, durant lesquels une personnalité a pu se forger. Bref, il s’agit ici d’appréhender l’influence de l’environnement familial, social et culturel.
Sur cette base il est possible d’aboutir à une typologie un peu sommaire des principaux travers que l’on peut rencontrer chez un homme politique.
Il y a d’abord l’intolérance aux frustrations. L’homo politicus est alors semblable à cet enfant-roi dont il garde en lui le fantasme. Enivré par un intense oxygène narcissique, sa « toute-puissance » ne connaît plus de limites. Certains courtisans s’empressent d’applaudir à tout ce que fait ou dit le Prince. Rares sont ceux qui appliquent la célèbre phrase de Juste Lipse, humaniste du XVI° siècle, à son ami, Montaigne : « Non blandiamour inter nos ». (Pas de flatterie entre nous).
Puis peut venir assez facilement l’omnipotence tyrannique. Plus ou moins intense, plus ou moins douce, celle-ci peut se manifester de ci, de là. Un des prototypes actuels est le dictateur de la Corée du Nord. Kim Jong-il, mais il existe ailleurs d’autres spécimen, heureusement à des échelles diverses.
Un autre travers assez répandu est le narcissisme. L’estime de soi est la base de notre équilibre psychique. Une estime de soi suffisamment haute est la garantie d’un bon équilibre mental. Mais lorsqu’elle devient excessive, flattée par la fréquentation des allées du pouvoir, l’estime de soi peut devenir un trait de personnalité narcissique.
Parmi, celles-ci il y a une espèce particulièrement redoutable : le pervers narcissique. Celui-là est un manipulateur à qui vous ne pouvez accorder aucune confiance. Son but est de vous utiliser ou de vous « rouler dans la farine ». Pour lui, vous n’êtes qu’un pion dans le cadre d’une stratégie uniquement personnelle. C’est celui qui vous balade, vous fait de fausses promesses et se comporte comme un opportuniste au gré de ces intérêts ou des circonstances.
Du narcissisme à la mégalomanie, il n’y a qu’un pas assez vite franchi. Cliniquement, la mégalomanie est définie comme une surestimation délirante de soi. Le sujet mégalomane s’attribue alors des capacités hors du commun.
Enfin, la paranoïa est un grand classique de la maladie politique. On a donc besoin de s’entourer essentiellement d’amis « sûrs » sur qui on peut compter. Quelqu’un qui n’est pas un affidé est alors considéré assez vite comme un ennemi potentiel. La personnalité du sujet paranoïaque se cristallise surtout autour de deux axes : la méfiance et la rigidité.
Voilà quelques idées pour mieux apprécier ceux qui nous dirigent ou aspirent à nous diriger. Cela pourrait s’avérer utile lors de prochaines échéances électorales !