Le Billet de Veritis : de la carte et du territoire…. (1)
Publié le 6 Janvier 2011
De la carte et du territoire….
Je profite de l’actualité littéraire et du récent prix Goncourt attribué à Michel Houellebecq pour m’interroger, à nouveaux frais, sur ces notions de cartes et de territoires.
Dans ces ouvrages, M. Houellebecq dépeint une société en proie à la décadence et à une perte de ses repères. Il s’attache ainsi à décrire les mœurs d’une face sombre de l’humanité à l’égal de son personnage qu’il cultive de façon presque trop appuyée.
M. Houellebecq, écrivain du mal de vivre. C’est assurément pour cela que les jurés du prix Goncourt lui ont enfin attribué la fameuse récompense, tout en faisant la joie du gamin désemparé qu’il est resté. Car autant je reconnais les mérites de l’écrivain, autant le personnage qu’il est ou qu’il s’est fabriqué est aux antipodes de ce qui me paraît être « l’honnête homme du XXI° siècle ». Anti-héros certainement. Anti-modèle assurément. Ce n’est pas la première fois que la littérature met en exergue les difficultés ou la face sombre d’une époque en exprimant le malaise qu’elle peut véhiculer.
Mais, ce n’est pas de cela dont je veux parler ici. Le titre de l’ouvrage de M. Houellebecq n’est qu’un prétexte pour aborder ces fameuses notions de carte et de territoire.
Dans l’approche aristotélicienne, la carte et le territoire ont tendance à se confondre. La carte exprime le territoire. Il s’agit de segmenter, de classifier, de différencier, de nommer, de représenter…mais cela veut dire aussi : simplifier, approximer, retenir des critères, réduire, écarter et éventuellement éliminer.
Autant le territoire est complexe, divers, diffus, contradictoire, riche de diversités, autant la carte, par définition, arrange, modèle et simplifie, laissant de côté les nuances qui ne peuvent se réduire à une représentation trop simpliste. Ainsi et fort heureusement cette réalité échappe toujours à sa représentation.
Mais il existe aussi une approche non aristotélicienne : celle qui ne se contente pas d’une description, celle qui tend à rendre compte d’une globalité non pas par fragments mais en un seul bloc jaillissant d’un simple coup, avec la puissance imaginative, l’esprit visionnaire ou la synthèse fulgurante qui le caractérisent.
Il ne s’agit pas d’opposer l’une à l’autre, car elles ont toutes deux leur utilité. Il s’agit de reconnaître le moment où elles sont opportunes. Esprit de géométrie ou esprit de finesse ? Pascal (et ses « deux infinis ») les convoquait tous les deux, à l’appui de sa démonstration. Disons alors tout simplement que si toute carte est utile pour arpenter le territoire, il ne saurait, en aucun cas, se résumer à celle-ci.
Car tout comme la carte n’est pas le territoire, le mot n’est pas la chose. D’où bien des malentendus, des quiproquos, des disputes aussi vaines qu’inutiles. Pour autant, il faut bien utiliser des mots et réaliser des cartes.
De l’utilité donc des cartes…et de leurs limites
Le cabinet LIN a réalisé récemment une « carte mentale » de cinq communes du Nord-Est Parisien (Aulnay-sous-Bois, Sevran, Livry-Gargan, Montfermeil, Clichy-sous-Bois). Cette carte a mis en évidence des atouts et des faiblesses sur ce territoire qui représente à lui seul, près de la moitié de la superficie de Paris.
Parmi les atouts :
- Des réseaux de communications satisfaisants ;
- Des zones d’activités proches de grands pôles ;
- Une population jeune ;
- Des zones naturelles non négligeables.
Parmi les faiblesses :
- Des zones enclavées ;
- Une population insuffisamment formée ;
- Des zones naturelles peu accessibles ;
- Un territoire trop morcelé.
Ce travail a eu pour mérite de mettre des mots sur une réalité que tout le monde pouvait ressentir un peu confusément. De cela il en est ressorti quelques propositions pour donner à ce territoire plus de cohérence : meilleur maillage des transports, décloisonnement, accès facilité aux pôles de formation, création de nouveaux espaces culturels et sportifs, réalisation de trames vertes et de lieux de circulations douces, mise en valeur des lieux à proximité des nouvelles gares du métro automatique du Grand Est Parisien.
A mon sens, ce travail devrait se poursuivre par une sorte de focale plus spécifiquement dédiée au territoire de la seule commune d’Aulnay-sous-Bois.
A ce sujet, je voudrais rendre ici hommage à tout le travail qu’a réalisé depuis six ans, la personne en charge, au sein de notre commune, de l’Agenda 21, lequel travail a permis de réunir des fiches fort bien documentées servant de support de réflexion aux travaux qui seront conduits au cours du premier semestre de l’année 2011.
Encore faut-il, lors de l’établissement des solutions, bien saisir les nuances et les subtilités d’un territoire qui ne saurait être réduit ni à une caricature ni à une vision trop simpliste.
Nous aurons sûrement l’occasion d’en reparler.
Veritis.