Le Billet de Veritis : De l’harmonie en général, et en politique en particulier.

Publié le 5 Mars 2011

Après quelques jours de voyage et d’abstinence blogosphérique dont j’entends bien à nouveau me réserver le privilège, je reprends ici en toute liberté mes billets d’analyse ou d’humeur que j’ai le plaisir de partager avec vous. Merci par avance du temps que vous voudrez bien consacrer à leur lecture.

 

Comme vous avez pu le constater précédemment, il m’arrive assez souvent de ne pas confiner ma réflexion à un espace strictement aulnaysien. Et pourtant, si vous me lisez bien, vous vous apercevrez assez facilement  que tout cela nous y ramène parfois, tant il est vrai que ce qui peut paraître loin est en réalité et bien souvent aussi très proche de nous.

 

Merci encore à Stéphane de bien vouloir m’accueillir sur son blog en m’offrant ainsi cet espace de liberté.

 

 

Il m’arrive de lire aussi bien Marx que Confucius. Or, l’un prône la lutte tandis que l’autre est un partisan de l’harmonie. Le premier  a remis au jour les trésors de la dialectique tandis que le second vante le compromis et la synthèse.  Peut-on alors les réconcilier ? Non, si l’on raisonne de façon superficielle. Oui, si l’on creuse plus profondément et si on réunit les conditions nécessaires, ce qui n’est d’ailleurs pas une mince affaire !

 

Car, à vrai dire, les deux recherchent l’harmonie. Seules leurs façons d’y parvenir diffèrent. Tout le problème est alors de savoir si l’emploi de tel ou tel moyen est le plus propice ou non pour favoriser l’éclosion de ladite harmonie. Mais ce problème est d’une immense importance. On ne peut donc le balayer d’un simple revers de main !

 

La lutte peut avoir ses lettres de noblesse. Que l’on songe à Mandela par exemple et à tous ceux qui se sont levés contre l’oppression. Mais elle est aussi pleine de contradictions à tel point qu’elle peut elle-même se muer en une nouvelle source d’aliénation et d’oppression. Les exemples dans l’histoire sont légion : que l’on songe notamment aux crimes staliniens ou autres par exemple.

 

Mais il est trop facile de borner tout cela à la personnalité de tel ou tel. C’est aussi d’une sorte d’implacable fatalité dont il faut parler. Celle de la folle logique du pouvoir qui, s’il n’est pas équilibré par de puissants contre-pouvoirs, mène tout droit à l’abus de pouvoir voire au pouvoir absolu. Et c’est là où Marx n’est d’aucun secours, car ses analyses sur ce point sont totalement absentes. Ce qui est, convenons-en, une très grande lacune et une très grande faiblesse en matière de science politique.

 

Alors Confucius ? Oui, s’il s’agit de se soucier de l’harmonie sociale, du bien vivre ensemble, d’adopter des règles qui vont pacifier les relations entre partenaires pour leur bien-être respectif. Oui, s’il s’agit de trouver le meilleur compromis entre des visions ou des intérêts différents voire contradictoires. Oui, s’il s’agit de dégager une synthèse permettant d’ouvrir un chemin ou une voie. A sa façon, Confucius est  donc une sorte de monument en matière de sociologie.

 

Mais, Confucius, lui-même n’est d’aucun secours pour comprendre les mouvements dynamiques et profonds de la société de telle sorte que sa pensée peut être suspectée de conservatisme. Aucun désordre chez Confucius, même si l’ordre établi s’avère insupportable, arbitraire et oppressant. Pour peu que l’on se soucie de l’horizon, Confucius est juste assurément. Mais si on est centré sur une situation concrète et relative, il peut s’avérer radicalement insuffisant.

 

Alors Marx ou Confucius ? En vérité, ni l’un, ni l’autre.  Une improbable synthèse ? Peut-être…

 

Car, il existe pourtant – et bien que ce ne soit pas la seule - une approche qui me paraît de nature à rendre possible une telle synthèse. Approche à la fois exigeante et facile, à la fois intérieure et extérieure : celle d’un éveillé d’origine chinoise : Lao-Tseu. Sa voie est celle du Tao. Mais Lao-Tseu est aussi le maître des paradoxes. C’est la raison pour laquelle son approche de la vie est d’une très grande richesse. Elle est d’abord le fruit d’une expérience d’une grande profondeur. D’ailleurs, le terme Tao est pratiquement intraduisible en français, même si celui le plus communément admis est celui de « voie ».

 

Car, on peut dire aussi qu’il s’agit d’un « chemin sans chemin » ou d’une « voie qui est en réalité une non-voie ». Au delà des apparences, l’approche de Lao-Tseu inclue et dépasse toutes les oppositions et les contradictions car il se situe en un point qui les surpasse et les englobe toutes. D’où sa force et sa vérité, au–delà du caractère linéaire et binaire de toute pensée. D’où aussi le fait que Lao-Tseu vit en société mais puise surtout sa force et son rayonnement de son autorité et de son expérience intérieures. Mais cette autorité n’est pas de l’ordre du pouvoir, tel qu’on l’entend habituellement.

 

Autant dire qu’il est loin de la politique telle que certains la conçoivent  aujourd’hui.

 

Pour autant, Lao-Tseu est éminemment « politique » au sens le plus noble du terme.

 

Mais il rirait bien, s’il était vivant aujourd’hui, des rodomontades des uns ou des autres, de leur esprit partisan ou de leurs vociférations simplistes.

 

Avec Lao-Tseu, par exemple, il n’est pas impossible que telle ou telle personnalité politique locale ou nationale serait invitée (1) à couper du bois en forêt…Il est vrai qu’avec une telle hauteur et une telle sagesse, on voit les choses assez différemment !

 

Etonnant, non ? dirait alors le regretté Pierre Desproges….

 

(1) : Je vous laisse le soin de dresser vous-même votre propre liste. Quant à moi, j’ai les miens, bien sûr, mais comme Lao-Tseu, je préfère les messages subliminaux. Alors chacun reconnaîtra les siens !

 

 

Rédigé par Veritis

Publié dans #Le Billet de Veritis

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