La recherche des victimes de l’usine d’amiante d’Aulnay-sous-Bois est un travail titanesque
Publié le 11 Décembre 2014
Depuis un mois et demi, l'Agence régionale de santé (ARS) supervise la recherche des anciens écoliers du quartier où se trouvait autrefois l'usine d'amiante du CMMP, (Comptoir des minéraux et matières premières) à Aulnay. Le recoupement des fichiers de l'assurance maladie et des registres des écoles ont permis d'envoyer des milliers de courriers à travers la France. Mais les associations de victimes de l'amiante réclamaient un suivi plus rigoureux. Elles ont été reçues mardi soir par le directeur de l'ARS, Claude Evin.
Que ressort-il de cette rencontre ?
Claude Evin. Nous avons dialogué. Je vais examiner leurs demandes. Elles s'inquiètent par exemple de la destruction du fichier utilisé pour retrouver les anciens écoliers. Mais on ne détruira pas ce fichier tant qu'on en a besoin. Elles demandent qu'on élargisse la recherche aux anciens élèves d'un lycée professionnel du quartier, et à ses enseignants. Je me suis engagé à examiner cette éventualité.
Autre requête, qu'on devrait pouvoir satisfaire : la personnalisation des courriers, en y indiquant le nom et l'adresse du destinataire, pour qu'il comprenne qu'il est directement concerné et qu'il ne s'agit pas d'une lettre-type.
Les associations veulent aussi que cette recherche permette d'évaluer les dégâts causés par le CMMP, d'établir un bilan sanitaire...
Oui, les associations voulaient demander aux médecins traitants de nous renvoyer un document pour signaler les malades. Mais on n'était pas à l'abri que certains omettent de le faire, par négligence... On va passer par l'assurance maladie, puisque le mésothéliome [ NDLR : cancer de la plèvre] est une maladie à déclaration obligatoire, et par le Fiva (Fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante) pour recenser les cas identifiés.
Peut-on imaginer que cette recherche s'étende ensuite aux anciens habitants du quartier, aux anciens salariés ? L'étude du Giscop* avait envisagé ces pistes...
Peut-être, mais je n'ai pas la méthode pour le faire ! N'oublions pas que cette démarche est une première en France. Comment identifier les adultes qui ont vécu là ? Et s'agissant des anciens salariés de l'usine du CMMP, c'est à l'entreprise de mener ces recherches. Si elle ne le fait pas, il existe des procédures : il faut saisir la justice.
Ce travail de recherche autour de l'usine, c'est un investissement important ?
C'est un travail titanesque, en terme de temps et d'investissement financier. Mais la question posée est toujours la même : le rapport entre « le coût et le bénéfice ».Il s'agit d'évaluer le rapport entre cette recherche et le nombre de personnes qu'on pourra retrouver.
Les premiers résultats sont-ils satisfaisants ?
Il est trop tôt, nous n'avons pas encore suffisamment de retours. Des gens ont téléphoné à la plate-forme, l'information leur permettra peut-être de saisir le Fiva, d'aller voir un médecin pour passer une radio pulmonaire.
*Groupe de recherche sur les cancers d'origine professionnelle, rattaché à l'université Paris XIII-Villetaneuse.
Source : Le Parisien