Construction en France : la réglementation thermique 2012 (RT 2012)
Publié le 16 Septembre 2010
Calquée sur le label des bâtiments basse consommation (BBC), la future bible de la construction en France, la réglementation thermique 2012 (RT 2012), est quasiment achevée. Après deux ans de concertation, de débats techniques orageux et d'intense lobbying, ses principales dispositions ont été présentées le 6 juillet par le ministre de l'écologie, Jean-Louis Borloo, et le secrétaire d'Etat chargé du logement et de l'urbanisme, Benoist Apparu. "On passe d'une réglementation de moyens à une réglementation d'objectifs", a résumé M. Apparu. Les bâtiments seront jugés sur trois critères : la performance énergétique de la conception (orientation, ouvertures, apports solaires...), à travers un indicateur de "besoin bioclimatique"; une mesure du confort d'été, pour éviter la surchauffe en cas de canicule et le recours systématique à des climatiseurs ; et enfin une consommation d'énergie réduite.
Alors qu'aucun plafond n'avait jamais été défini, la RT 2012 impose une consommation maximale de 50kWh/m²/an d'énergie primaire, contre 150kWh/m²/an pour les bâtiments neufs actuels et 260kWh/m²/an en moyenne pour le parc immobilier existant. Ce plafond connaîtra de nombreuses modulations : en fonction de la région et de l'altitude (entre 40 et 65 kWh/m²/an), mais aussi de l'usage (les immeubles de bureau pourront consommer davantage d'énergie), de la surface (les petits logements verront leur plafond augmenté), du type de chauffage utilisé (pour favoriser les chaudières à bois).
Ces exceptions ont suscité des débats animés : ajoutée au fait que la moitié de la consommation énergétique d'un édifice n'est pas comptabilisée - électroménager, ascenseur, informatique, cuisines des restaurants, éclairage...-, cette multitude de pondérations risque de conduire la plupart des bâtiments à dépasser allégrement les 50kWh/m²/an, regrettent les associations écologistes. Evoquant un résultat "globalement positif", le Comité de liaison énergies renouvelables, le Réseau action climat, les Amis de la Terre et Greenpeace ont pourtant salué la résistance du ministère de l'écologie au lobbying de ceux qu'ils surnomment le "gang des grille-pain", les industriels déterminés à sauver convecteurs et cumulus électriques. L'arbitrage final aura néanmoins réservé quelques surprises. Ainsi le logement collectif bénéficie d'un sursis : les constructeurs pourront dépasser le seuil maximal de consommation de 15% jusqu'au 1er janvier 2015. Cette dérogation témoigne des résistances d'un secteur du bâtiment qui a tardé à se préparer à la révolution basse consommation.
Les professionnels vont pourtant devoir s'y mettre sérieusement, car, et c'est une autre surprise, les logements devront obligatoirement être soumis au test de la "porte soufflante", qui mesure l'étanchéité à l'air et constitue un indicateur fiable de la bonne isolation de l'habitation.
Nul doute que les textes officiels et les outils de calcul, attendus pour le mois de novembre, seront examinés à la loupe. La réglementation s'appliquera aux bâtiments tertiaire dès le moins de juillet 2011, puis à compter du 1er janvier 2013 pour l'ensemble des bâtiments.
Source : Grégoire Allix, Le Monde du samedi 14 août 2010.