Bras de fer entre le préfet du 93 et Paris après l’évacuation du camp rom des Coquetiers à Bobigny
Publié le 23 Octobre 2014
Il a convoqué les médias en hâte. Au lendemain de l'évacuation du camp rom des Coquetiers, à Bobigny, le préfet de Seine-Saint-Denis, Philippe Galli, a tenu à se justifier et à mettre les choses au clair, hier, alors qu'une partie des Roms concernés ont échoué mardi soir à Paris, où la mairie a dû ouvrir un gymnase.
Mardi après-midi, le bidonville de Bobigny où vivaient depuis plusieurs années 200 à 400 personnes, selon différentes estimations de la préfecture et des associations, a été évacué par les forces de l'ordre. Une expulsion programmée et anticipée par la préfecture, qui expliquait que deux diagnostics sociaux avaient été réalisés. Ainsi une trentaine de familles dont les enfants étaient scolarisés ont obtenu un relogement dans des foyers Adoma. Une dizaine d'autres, dont l'un des parents a un revenu fixe, devait recevoir une proposition de relogement en HLM dans le département. Les autres enfin devaient être hébergées à l'hôtel.
Mais voilà, hier soir, 57 Roumains et Bulgares -- dont 27 enfants -- s'apprêtaient à passer une deuxième nuit dans un gymnase de Paris, à deux pas de la gare du Nord. « Je n'ai plus aucun rôle à jouer, lâche le préfet du 93. Nous avons évacué le camp, pris en charge de nombreuses personnes, dépensé 320 000 € pour le placement de nombreux ménages en foyer, les autres ont le droit de circuler librement. Je ne me sens pas redevable. Et si je n'ai pas de conseil à donner à la Ville de Paris, je ne suis pas certain qu'ouvrir un gymnase soit une solution. » S'il est si cinglant, c'est parce que le bras de fer entre Paris et la préfecture du département s'est intensifié depuis la veille.
Le préfet aurait ainsi reçu un appel musclé de la part du cabinet d'Anne Hidalgo, la maire PS de Paris. Le motif : pas question que la capitale prenne en charge ces Roms venus de Seine-Saint-Denis. Les associations présentes auprès des Roms assuraient hier que Paris maintenait la pression pour obtenir des solutions auprès de la préfecture du département. « Ce serait normal car Paris ne peut pas subir les évacuations de tous les terrains d'Ile-de-France », estime Christophe Louis, directeur de l'association les Enfants du canal. Réponse du préfet de Seine-Saint-Denis : « Cela n'a pas posé problème à la mairie cet été lorsqu'ils ont renvoyé 4 000 biffins de notre côté du périphérique. » Ambiance.
Quoi qu'il arrive, l'avenir des 57 Roms reste encore flou, aucune solution n'ayant été apportée pour les jours prochains. Parmi ces personnes, une femme enceinte de sept mois, un bébé de 3 mois et de nombreux enfants scolarisés notamment à Bobigny. Or, justement, la scolarisation des enfants a poussé la préfecture du département à se mobiliser depuis trois semaines pour trouver des foyers d'accueil aux familles concernées. « Celles qui étaient présentes sur le camp lors des diagnostics sociaux et dont les enfants sont inscrits à l'école ont eu des propositions », assure le préfet délégué à l'égalité des chances, Didier Leschi.
« Tout a été fait bien trop vite », critique Andrea Caizzi, du collectif Romeurope 93. A-t-il pu y avoir des failles dans la préparation ? « Peut-être, reconnaît-on en préfecture. Mais il y a des injustices partout. Il faut faire avec. » En clair : la Ville de Paris n'a plus qu'à gérer le problème.
Source : Le Parisien