Aunay-sous-Bois Villepinte Sevran : les distribox de seringues de l’hôpital Ballanger ne seront pas supprimés
Publié le 26 Avril 2013
En moins d’une heure, hier, matin, deux hommes sont passés retirer un kit au distribox. Pas besoin de signer quoi que ce soit, un jeton suffit -ou une seringue usagée- pour retirer un kit de deux seringues stériles avec compresse, qui servent le plus souvent à injecter de la cocaïne, de l’héroïne voire de la méthadone. Le premier est un « consommateur occasionnel », l’autre passe pour un ami. Ils échangent quelques mots avec l’équipe de First qui gère ce Caarud, l’un des quatre centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogue que compte la Seine-Saint-Denis.
On est ici à l’entrée de l’hôpital Ballanger, sur le territoire d’Aulnay et de Villepinte. A un passage piéton des Beaudottes à Sevran et quelques mètres du Gros-Saule. Après que des enfants ont trouvé à trois reprises des seringues _ trois se sont piqués le 16 avril_, le maire Stéphane Gatignon a déposé plainte pour mise en danger de la vie d’autrui, saisi Marisol Touraine ministre de la Santé et réclamé la suspension de cette distribution de seringues dont 350 au moins seraient ramassées chaque mois dans les rues.
Mais la mise hors services des distribox n’est pas à l’ordre du jour pour les autorités sanitaires. L’Agence régionale de santé précise que la machine de First à Ballanger a distribué en 2011 près de 20000 seringues (soit un tiers environ des seringues distribuées par automates sur le département) et plus de 350000 sur Paris. Abdel 47 ans, dont 30 de toxicomanie, en veut à ceux qui jettent leur seringue n’importe où, à Sevran, comme dans l’enceinte de Ballanger. « A force ça risque de provoquer des clashs avec les antitox, la chasse et le savatage », dit cet homme qui a trouvé un appui chez First, avec qui il travaille. Il se souvient qu’à Tremblay, il y a quatre ans, un distributeur a été arraché, signe que les toxicomanes sont mal perçus. « Ici au moins, on est considéré comme des êtres humains », ajoute Hakim, la quarantaine, qui a « arrêté l’héroïne après la perte d’un ami, mort par overdose ». Mais il repasse au Caarud, souvent, parce qu’il s’y sent bien.
Après la découverte d’un usager, la seringue dans le bras, couché dehors, entre deux murs, au milieu des excréments, Jean-Louis Bara, président de First avait souhaité humaniser un peu l’extérieur, en installant deux chaises et un auvent, au moins. Mais l’ARS a jugé le site illégal, et réclamé sa suppression express. Cela fait suite à une inspection réalisée l’an dernier, qui listait une cinquantaine d’injonctions à réaliser par First sur un court et moyen terme. Le rapport final est en cours d’élaboration. « C’est la disponibilité de drogue qui amène les drogués plutôt que la distribution de seringues », pense Bernard Kirschen, représentant de l’Agence régionale de santé (ARS) en Seine-Saint-Denis. Aux Beaudottes, comme au Gros-Saule, les usagers connaissent une demi-douzaine d’adresses où il est encore possible de se fournir, malgré la présence policière accentuée.
Source : Le Parisien