13000 anciens écoliers d’Aulnay-sous-Bois recherchés comme victimes potentielles de l’amiante

Publié le 24 Novembre 2014

amianteusine.jpgEn moins d'un mois, la lettre type a été envoyée à 3 500 personnes et autant à leur médecin, dans toute la France. On ne peut qu'imaginer la réaction des destinataires. De la surprise, d'abord, à la lecture des premières lignes : « Vous avez été scolarisé entre 1938 et 1975 dans un des trois groupes scolaires [...] situés à proximité du Comptoir des minéraux et matières premières (CMMP) à Aulnay. » De l'inquiétude, ensuite, car il est question d'amiante et de possibles pathologies pulmonaires. Suivent des conseils : se tourner vers son médecin ou appeler la cellule d'information dédiée. Le courrier, signé par le directeur de l'agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France, devrait être adressé à 13 000 personnes d'ici la fin de l'année.

Le dispositif est inédit en France. Pour la première fois, on cherche les victimes potentielles d'une exposition à l'amiante hors d'un cadre professionnel. L'opération, financée par l'Agence régionale de santé (ARS) à hauteur de 200 000 € — sans participation du CMMP —, vise les élèves qui allaient en classe dans le quartier quand l'usine broyait de l'amiante. Pour les retrouver, il a fallu croiser les vieux registres scolaires avec les fichiers de la Sécurité sociale. L'objectif ? Se conformer à la loi Kouchner stipulant que « toute personne a le droit d'être informée sur son état de santé ». Les destinataires, âgés aujourd'hui de 40 à 80 ans environ, ne seront pas recontactés par la suite. Ils sont libres de pratiquer des examens et de se manifester ou non auprès de la cellule d'information qui n'a reçu que cinq appels pour le moment.

C'est bien ce qui inquiète les associations qui plaident pour un suivi bien plus rigoureux et en appellent à la ministre de la Santé, Marisol Touraine.

Les associations dénoncent un dispositif au rabais

En vingt ans, le Collectif des riverains et victimes du CMMP a recensé à lui seul 120 cas de malades contaminés par l'amiante. « Parfois, c'étaient des gens partis d'Aulnay depuis des années qui nous appelaient parce qu'ils avaient lu un article dans le journal », explique son porte-parole, Gérard Voide. Pendant des années, le collectif a réclamé la mise en place d'un dispositif de recherche des victimes potentielles. Elles seraient 40 000, selon un rapport de 2012. Le dispositif de l'ARS ne convainc pas Gérard Voide : « Cela ne suffit pas. Il fallait prévoir des relances. On attend de nouveaux cas jusqu'en 2025 ! »

Annie Thébaud-Mony, chercheuse et porte-parole de l'association Ban Asbestos, également très impliquée sur ce dossier, dénonce un dispositif au rabais : « On a l'impression qu'on craint de retrouver trop de victimes pouvant prétendre à une indemnisation. » Elle plaide pour un « véritable suivi tout au long de la vie. [...] C'était le moyen de faire le bilan sanitaire de cette affaire ». Mais les listings des anciens écoliers ne pourront être réutilisés. « Cela a été établi avec la Cnil(NDLR : Commission nationale de l'informatique et des libertés), qui autorise l'utilisation de ces adresses pour l'envoi d'un seul courrier », justifie une porte-parole de l'ARS.

Source : Le Parisien

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #Amiante

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