Polémique autour du changement du nom de rue Maxime Gorki en rue Jacques Chirac à Aulnay-sous-Bois

Publié le 28 Février 2021

Au premier coup d'œil, la rue Maxime-Gorki à Aulnay-sous-Bois se présente comme une enfilade de pavillons où règne la quiétude. Depuis six mois, la majorité de ses habitants se partage pourtant entre regret et colère. Le regret de changer d'adresse, puisque leur voie doit être rebaptisée du nom de Jacques Chirac ce lundi. La colère de ne pas avoir été consultée par la mairie.

Polémique autour du changement du nom de rue Maxime Gorki en rue Jacques Chirac à Aulnay-sous-Bois

Jacques Mootoogounden, 78 ans, a pris la tête d'une fronde qui s'est constituée dès septembre. Deux mois plus tôt, en plein cœur de l'été, une délibération votée en conseil municipal actait le changement de nom à venir. « Ils ont fait ça pendant les vacances, alors qu'il n'y avait personne », grince l'épouse du retraité.

«Ils auraient pu nous consulter avant, quand même»

Dès le 26 septembre 2019, jour de la mort de Jacques Chirac, le maire (LR) d'Aulnay-sous-Bois, Bruno Beschizza, avait annoncé son intention de rendre hommage à l'ancien président de la République. Comment? « En dénommant un axe important de notre ville de son nom », rappelait-il dans un courrier du 20 août distribué aux habitants de la rue Maxime-Gorki.

Au-delà du débat sur l'« importance » de cette voie, longue d'un demi-kilomètre, les riverains s'accrochent au nom de Maxime-Gorki.

Non pas par attachement à la figure de l'écrivain et dramaturge russe (1868-1936), mais « quand vous habitez trente ans dans une rue, c'est comme si on vous changeait votre nom de famille », lâche Hervé Rullier, 63 ans dont la moitié passée au 13 de la rue. Tous s'inquiètent déjà des démarches administratives qu'une telle mesure entraînera auprès des impôts, de la Sécurité sociale, de leur mutuelle…

Polémique autour du changement du nom de rue Maxime Gorki en rue Jacques Chirac à Aulnay-sous-Bois

Claude Paquot, du 56, rappelle que la voie a pris son nom sous le Front populaire, puis fut rebaptisée rue de Marseille sous l'Occupation avant d'y revenir à la fin de la guerre. Autant d'épisodes que ce retraité de 87 ans a vécu, lui qui y est né. Alors cette décision soudaine, il ne l'accepte pas.

« Ils auraient pu nous consulter avant, s'insurge-t-il. Nous sommes mis devant le fait accompli. Un jour, je suis allé en mairie pour en discuter. J'ai été reçu par un conseiller municipal qui m'a répondu en somme : On a été élu, on fait ce qu'on veut ! »

Un square Johnny-Hallyday, «ça ne gêne personne»

Épaulé par la fille d'une nonagénaire de la rue, Jacques Mootoogounden a « pris son bâton de pèlerin ». Après avoir déposé une requête devant le tribunal administratif de Montreuil via la plateforme Internet « Télérecours citoyen », le septuagénaire a sonné à toutes les portes ou presque de la voie.

« Sur 58 adresses, j'ai rencontré 48 riverains qui ont exprimé leur volonté de ne pas changer d'adresse, soit plus de 80%, assure-t-il. Un voisin m'a dit qu'il préférait Chirac. Une dame m'a fait la même réponse parce qu'elle est née en Corrèze. »

Polémique autour du changement du nom de rue Maxime Gorki en rue Jacques Chirac à Aulnay-sous-Bois

Du futur centre nautique aux nouvelles voies qui ne manqueront pas d'être ouvertes sur l'ex-friche PSA ou près de la gare du supermétro, les occasions de rendre hommage à Jacques Chirac sans débaptiser une rue sont nombreuses, estiment les pétitionnaires. D'ailleurs, le nom de Johnny-Hallyday n'a-t-il pas été donné à un square?

« Un square, ça ne gêne personne, observe Janine Magnat. Ici, soixante pavillons sont concernés ! » Cette habitante du 7, rue Maxime-Gorki estime que le choix de la mairie s'est porté sur cette voie car « ce nom à une consonance soviétique ».

«Si j'ai une amende, je l'enverrai à Monsieur Beschizza !»

Dans un « droit de réponse » publié sur les réseaux sociaux, Stéphane Fleury, l'un des adjoints au maire, rappelle bien que l'auteur des « Bas-Fonds » fut un « membre de la nomenklatura soviétique sous Staline ».

La municipalité estime que la mobilisation des riverains est instrumentalisée par les élus d'opposition, lesquels dénoncent « un choix politique autocratique » qui découle de « la suppression de la commission consultative de dénomination des rues par Bruno Beschizza en 2014 ».

Stéphane Fleury leur répond que le conseil municipal est « le seul organe légitime, démocratique et compétent sur le sujet ». Puis il souligne que la majorité a été élue « dès le premier tour avec près de 60 % des suffrages »… dont ceux, ironie de l'histoire, de Claude Paquot et Jacques Mootoogounden.

Pour apaiser la colère des riverains, une délibération adoptée en décembre prévoit la prise en charge de « tous les frais administratifs qui pourraient découler du changement d'adresse ». Hervé maugréé.

« Je ne changerai rien du tout, lance-t-il. Et si j'ai une amende, je l'enverrai à Monsieur Beschizza ! »

Article complet du journal Le Parisien à lire en cliquant : ici

Source article et photos : journal Le Parisien

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #A vos quartiers !

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