A la recherche des victimes de l’usine d’amiante d’Aulnay-sous-Bois
Publié le 25 Janvier 2016
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Le scandale va-t-il encore prendre de l’ampleur ? Une nouvelle étude vient d’être lancée pour cibler et accompagner les victimes de l’usine CMMP ( Comptoir des minéraux et des matières premières) d’Aulnay-sous-Bois. Entre 1938 et 1975, le site — surnommée «usine-poison» par les proches du dossier — a broyé de l’amiante en pleine ville.
Et depuis les années 1990, les ex-voisins déclarant des cancers ou des pathologies propres à l’amiante se comptent par dizaines.
Financée pour trois ans par la région, cette étude a plusieurs objets. «Notamment la mise en place d’une plateforme numérique facilitant les démarches des potentielles nouvelles victimes», détaille Benjamin Lysaniuk, chercheur au CNRS et co-pilote du projet. Concrètement, sur une carte qui sera disponible sur Internet, les habitants d’Aulnay pourront localiser leur domicile et savoir s’ils ont été exposés à l’amiante. Ils seront ensuite mis en contact avec le CI3A — pour Centre d’information et d’accompagnement des personnes ayant été exposées à un risque amiante à Aulnay, une permanence visant à faciliter leur indemnisation et leur suivi.
Une forme de reconnaissance
L’étude a aussi un but sociologique : «On veut savoir pourquoi il a fallu autant de temps pour lancer un recensement des victimes, de façon à réagir plus efficacement lors de prochains problèmes de santé publique». Ainsi, si l’on sait depuis 2007 qu’il existe un lien entre les cancers développés par les voisins de CMMP et l’activité de celui-ci, il a fallu attendre 2014 pour que les autorités se mettent à la recherche des victimes potentielles !
Par ailleurs, cette nouvelle étude est labellisée «PICRI»(partenariats institutions-citoyens pour la recherche et l’innovation). Pour la 1re fois, elle impliquera les associatifs, qui, les premiers, ont tiré la sonnette d’alarme. Parmi eux : Gérard Voide, du collectif des victimes du CMMP d’Aulnay, qui compte 167 membres. Nicole, sa femme, a perdu son frère d’un cancer en 1996 et a déclaré une calcification pleurale. L’homme est «soulagé» par cette nouvelle étude : «Cela montre que les choses avancent. C’est une forme de reconnaissance pour ceux qui sont touchés par ce scandale».
Source article : Le Parisien