Le blog d’Aulnay-sous-Bois Aulnaylibre.com cité par le journal Le Monde dans l’article : Hasna Ait Boulahcen, entre vodka et niqab

Publié le 21 Novembre 2015

Le blog d’Aulnay-sous-Bois Aulnaylibre.com cité par le journal Le Monde dans l’article : Hasna Ait Boulahcen, entre vodka et niqab

Vous pouvez prendre connaissance ci-dessous d’un article d’Isabelle Rey-Lefebvre paru dans le journal Le Monde intitulé « Hasna Ait Boulahcen, entre vodka et niqab», où le blog d’Aulnay-sous-Bois Aulnaylibre.com est cité à travers son rédacteur en chef Marc Masnikosa. Ce dernier a du reste témoigné hier devant la caméra de France 2 et a également rencontré un journaliste du New-York Times dans le quartier des 3000.

L’actualité est bien évidemment trop triste en ce moment pour que nous éprouvions le moindre orgueil. Néanmoins, et c’est une satisfaction pour les membres de notre blog, ces contacts désormais récurrents avec la presse nationale et internationale récompensent notre travail de terrain acharné pour couvrir les événements locaux depuis 2009.

Hasna Aït Boulahcen aurait adoré faire la « une » de Closer, « voir sa photo au milieu des stars et des VIP ». C’est une de ses copines qui le dit, une fille de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) comme elle, qui n’arrive pas à décoller du site Internet people depuis deux jours. Le nom d’Hasna s’affiche en énorme, titre après titre : « Elle voulait se marier avec un Afghan », « Elle applaudissait devant la télé le 11-Septembre », « Une petite fofolle à la joie de vivre ». Pendant quelques heures, Hasna Aït Boulahcen, 26 ans, a été baptisée « la première femme kamikaze à se faire exploser en Europe », jusqu’à ce qu’il soit formellement établi vendredi 20 novembre qu’elle ne portait aucune ceinture d’explosif pendant l’assaut à Saint-Denis, mercredi 18 novembre.

D’après nos informations, c’est en effet un corps « intact » qui a été amené aux médecins légistes. « On continue quand même à l’appeler “la femme-kamikaze”, poursuit la copine. Elle est devenue un mythe, tout le monde veut savoir qui elle est, même nous qui pensions la connaître. »

A la Cité des 3 000, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), on se presse encore rue Degas, après la perquisition du jeudi 19 novembre. Le long des immeubles retapés à neuf, un groupe de jeunes garçons menace de « lâcher les chiens » sur les journalistes – ces « mythos » qui « ne respectent pas les gens » – tout en leur proposant « d’acheter la vidéo de l’arrestation de la mère ».

Ici, vit la mère de Hasna Aït Boulahcen, avec un de ses quatre enfants, Youssef, en garde à vue comme elle. « La famille disait bonjour-bonsoir à la française, on entendait des prières le week-end », avance une des voisines. Agée d’une cinquantaine d’années, la mère porte le foulard, mais les deux mosquées de la ville ne connaissent aucun d’eux.

« Des gens normaux »

« Ils sont sans histoire », commente Patrick d’Agostino, au cabinet du maire Bruno Beschizza (Les Républicains). Le même refrain revient à chaque étape du parcours de la jeune femme, « des gens normaux, on ne comprend pas ». Pour l’instant, ce qu’on sait de la vie d’Hasna Aït Boulahcen laisse le goût amer d’une histoire particulière, mais dont la petite musique paraît de plus en plus connue.

Née en région parisienne, en 1989, placée à 8 ans pour mauvais traitements. « Hasna a, dans son enfance, été ballottée entre son père, sa mère, des foyers et plusieurs familles d’accueil », écrit Marc Masnikosa, un entrepreneur qui a recueilli des témoignages dans son blog Aulnay Libre. Une de ses mères d’accueil a raconté à l’AFP que les choses « se passaient bien, au début », malgré la gamine qui repousse les câlins et voit « le diable la nuit ». A l’adolescence, Hasna Aït Boulahcen fait souvent le mur, avant de partir tout à fait. Elle a 15 ans, « elle en veut à tout le monde ». La mère d’accueil se dit : « Elle est perdue. »

On retrouve Hasna cité Maroc, un alignement d’immeubles bas à Creutzwald (Moselle) en 2005. La mine de charbon – la dernière de France – a fermé l’année précédente, le père a trouvé un studio facilement quand il a décroché un boulot chez PSA. A la mairie, on ne lui connaît pas même une demande d’aide sociale. Hasna a pris l’habitude de passer régulièrement chez lui, quelques jours ou quelques mois. Ici, elle peut impressionner son monde, grande gueule, seule fille d’une bande de dix mecs. On la trouve « lookée » avec sa silhouette élancée, on la surnomme « Cow Girl » pour ses bottes et son chapeau en cuir noir.

Un temps, elle suit un cursus dans une « école de la deuxième chance », vers Strasbourg. Ses copains se souviennent surtout d’elle pendant cet été 2011, le dernier où on l’a vue ici, vodka et haschisch, virées dans les boîtes de nuit en Allemagne, de l’autre côté de la frontière. « Elle ne savait pas dire bonjour en arabe, l’islam la gonflait », dit un ami. Personne ne l’a jamais vue voilée. A l’époque, elle rêve de l’armée française, s’enrôler, elle le répète pendant les nuits de fête dans le studio du père quand il part en vacances au Maroc seul. C’est là-bas qu’il a appris la mort de sa fille, en reconnaissant sa voix sur une vidéo de l’assaut.

« Un coup de frime »

Retour en région parisienne, à Aulnay-sous-Bois, chez la mère. A partir de 2011 surtout, Hasna y apparaît par intermittence. Elle s’affiche avec des dealers. Boit de plus en plus. Vit dehors, dans les squats, la rue et parfois le canapé d’une copine. « On la voyait débarquer complètement démolie », dit l’une. En 2013, elle accepte d’être la gérante d’une petite entreprise de travaux à Clichy-sous-Bois, parce qu’un de ses copains cherchait « en dépannage une personne sans casier judiciaire comme elle », croit savoir une voisine. « Elle était facile à convaincre. » La boîte est mise en liquidation six mois plus tard.

Sur sa page Facebook, Hasna Aït Boulahcen proclame qu’elle sera aussi chanteuse de rap. Les photos s’enchaînent, un défilé de ses modes à elle. Hasna dans son bain moussant. Hasna lovée sur son canapé avec tatouages et mains passées au henné. Hasna en tee-shirt moulant et chapeau. Et soudain, il y a six mois, comme une panoplie de plus, voilà Hasna avec un voile. Dessous, elle a gardé une moue racaille façon clip et pointent les doigts à la manière des gangs américains. Puis voilà Hasna intégralement couverte, jusqu’à ses mains gantées de noir. On ne voit plus que les yeux sous des cernes de kôhl.

Le 3 août 2015, elle affiche un portrait d’Hayat Boumedienne armée d’une arbalète, la compagne d’Amedy Coulibaly, auteur de la prise d’otage de l’Hyper Cacher en janvier. Hasna écrit vouloir partir comme elle : « jver biento aller en syrie inchallah, biento départ pour la turkie ! » Peu avant, on lui a connu un grand chagrin d’amour. « Elle s’est fabriqué sa propre bulle », a raconté son frère sur RTL. Il dit ne l’avoir jamais vue ouvrir le Coran. Ses proches voient surtout « un coup de frime » dans sa nouvelle attitude. Là, se mesure l’isolement de certains dans les quartiers - pas tous, loin de là - où un monde s’est peu à peu formé, retranché derrière ses valeurs, en décalage par rapport au pays. « Ici les gens sont tranquilles, pas genre djihadistes, encore moins terroristes, reprend la copine de Clichy-sous-Bois. Mais à l’intérieur d’eux, une petite voix leur souffle que condamner le voyage en Syrie serait un peu se trahir et qu’une fille portant le voile sera toujours mieux que celle aimant la fête. »

« Une logistique rudimentaire »

C’est Hasna qui a fini par conduire malgré elle les enquêteurs jusqu’à Abdelhamid Abaaoud, le planificateur présumé des tueries à Paris. Les deux vies d’Hasna, vodka et niqab, se rejoignent sur son portable : des écoutes dans le cadre d’un trafic de stupéfiant avaient déjà été mises en place par la police judiciaire de Seine-Saint-Denis, d’autres viennent d’être rajoutées par la sécurité intérieure à cause de sa parenté avec Abaaoud. Tous deux sont cousins, par leurs mères. Abaaoud a 28 ans, deux ans de plus à peine qu’Hasna. Au sein de l’Etat islamique, il doit notamment ses galons à son talent de recruteur en Europe.

D’après nos informations, à la suite des tueries, Abaaoud erre dans les rues sans point de chute. Il a besoin de costumes de rechange, deux au moins. Il appelle à l’aide sa cousine avant de se réfugier mardi 17 novembre, vers 21 h 30, à Saint-Denis. Ils sont localisés.

Pendant la surveillance de l’appartement, les enquêteurs n’auraient pas vu Hasna une arme à la main. L’Etat islamique n’a d’ailleurs jamais utilisé de femmes-kamikaze jusque-là, contrairement à d’autres groupes comme Al-Qaida. Pour l’instant, le rôle d’Hasna Aït Boulahcen éclaire surtout sur la capacité d’organisation du groupe. Un proche de l’enquête constate : « Une logistique rudimentaire, sans appartement de repli, ni équipes en support : on paraît loin d’une guérilla urbaine classique. »

Source : http://www.lemonde.fr

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #Un autre regard par Marc Masnikosa

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C
Erreur, le premier commentaire est arrivé tardivement, peut être le temps de la réflexion, désolé
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A
Juste le temps tout cours en fait ;)
C
Article commenté mais censuré ???
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C
Etait-ce vraiment nécessaire de copier/coller cet article, même provenant du monde certes qui a besoin d'audience parfois voyeuriste(certes moins dans le monde)...? Mettre en valeur un tel personnage? Moi je ne le pense vraiment pas.<br /> N'y a-t-il pas des gens plus intéressants, plus méritants, plus sains...?
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