Un parvis Jean-Paul II à Aulnay-sous-Bois
Publié le 30 Mai 2014
La municipalité UMP a donné le nom de l’ancien pape à la place située devant l’église. Une décision réclamée par des associations religieuses et culturelles, qui fait polémique.
La bâtisse aux murs blancs donne des allures de village au quartier du Vieux-Pays d'Aulnay. En ce jeudi de l'Ascension, les cloches sonnent et les portes de l'église Saint-Sulpice s'ouvrent, laissant sortir les fidèles après la messe. Ils ne le savent pas tous, mais le parvis qu'ils foulent à petits pas s'appelle désormais place de l'Eglise - parvis Jean-Paul-II, du nom du papemort en 2005.
C'est sans doute l'un des premiers lieux publics du département à porter le nom de l'ancien souverain pontife canonisé il y a quelques semaines à Rome. La décision a été votée lors du conseil municipal du 21 mai, sous la houlette du maire (UMP) Bruno Beschizza. « Pourquoi pas ? Il n'était pas plus mauvais pape qu'un autre, réagit Marie-Martine. Mais cela aurait pu aussi être le parvis Soeur-Emmanuelle... » Anne-Marie, infirmière de 58 ans, est plus enthousiaste : « Je l'adorais ! J'ai été bénie par Jean-Paul II à Rome, il y a vingt-cinq ans de cela. Il a beaucoup fait pour amener les jeunes à l'église. On vient d'ailleurs d'en faire un saint. »
Lors du conseil municipal, la première adjointe Séverine Maroun a justifié cette décision en affirmant que le pape polonais a « marqué son temps par son souci extrême de la dignité humaine et son esprit d'ouverture à l'humanité tout entière ». Voilà qui a fait réagir assez vivement dans les rangs de l'opposition. « Dénommer un parvis Jean-Paul-II, c'est ouvrir le catalogue accablant des péchés terrestres qui pèsent sur ce pape », a ainsi estimé Miguel Hernandez, au nom des élus communistes, invoquant la « protection apportée aux pédophiles », les « pactes avec les dictatures assassines », les « liens avec la Mafia »... Le socialiste Guy Challier a également refusé de voter la délibération, rappelant l'attitude pour le moins réservée que le pape a observée face à l'usage du préservatif pour endiguer l'épidémie de sida. L'ancien maire PS Gérard Ségura a en revanche voté la délibération. Comme Bruno Beschizza, il avait été sollicité par plusieurs associations lors de la campagne des municipales. La revendication d'un lieu baptisé du nom de Jean-Paul II était particulièrement forte, au sein de la ville d'Aulnay, qui abrite une forte communauté polonaise.
Pour Sophie Carabeuf, responsable de l'association culturelle Wisla, le geste revêt aussi une signification politique. « J'ai vécu ma jeunesse en Pologne, sous le régime stalinien après la guerre. Jean-Paul II a fait énormément pour que le mur tombe et nous libère tous. C'est un personnage très important. » Wisla se prépare désormais à inaugurer la place, le 15 juin, cérémonie qui se doublera d'une dimension religieuse, puisqu'elle sera précédée par une messe, célébrée en l'église Saint-Sulpice.
Source : Le Parisien