Seine-Saint-Denis, l'Odyssée des cantonales (50): tout le monde a gagné... ou presque...
Publié le 29 Mars 2011
Les cantonales en Seine-Saint-Denis c'est comme l'école des fans. Tout le monde a gagné ou presque... D'abord l'abstention, qui s'établit à 66,5 % au second tour, semblant démontrer de manière flagrante le désintérêt des électeurs pour ce scrutin départemental. Est-ce l'écho d'une démocratie en bien triste état ? Ensuite, les partis politiques. A en croire les déclarations des élus PS, PCF et UMP tout le monde est content et affiche de larges sourires. Sauf les écologistes qui font un peu grise mine. Sans doute Europe Ecologie-Les Verts se rêvait-il un peu mieux placé (comme Jean-Vincent, dimanche soir sur France 3 aux côtés de Claude Bartolone) notamment à Montreuil... Récit ci-dessous de cet auto satisfecit presque général...
Stéphane Fleury
Claude Bartolone, le président socialiste sortant du conseil général, devrait être réélu sans difficulté jeudi matin à la tête de l'assemblée départementale. De ces cantonales marquées par les déchirements à gauche et des résultats en demi-teinte pour le PS et son allié Europe Ecologie-Les Verts (deux sièges gagnés, trois sièges perdus), il retient surtout le chiffre record de l'abstention (66,5 % au second tour). C'est le signe, selon lui, de la "souffrance sociale, de la désespérance dans laquelle vit une partie de la population du 93".
Pour le reste, "c'était une élection piège pour les socialistes, nous avions dix sortants qui retournaient devant les urnes. Et la plupart ont bien été réélus", observe-t-il. Et de citer en exemple Stéphane Troussel, qu'on disait menacé à La Courneuve et qui l'a facilement emporté face au maire PC Gilles Poux. Il devrait en être récompensé jeudi, en devenant le 1er vice-président - Gilbert Roger renonçant à ce poste dans la perspective des élections sénatoriales. Côté satisfaction, il y a aussi la victoire de Claude Dilain sur le canton de Clichy-sous-Bois-Le Raincy, face à la droite. Les défaites, pour Claude Bartolone, sont surtout dues aux "contextes municipaux", comme à Epinay ou Aubervilliers.
Côté communiste, ce lendemain d'élections cantonales ne ressemble décidemment pas aux précédents "On se sent beaucoup mieux, plus dynamique", sourit Hervé Bramy, le patron du PC 93. Pour la première fois depuis treize ans, le groupe PC ne perd pas de siège. S'il n'a plus Sevran - passé aux écologistes - ni Villepinte - où l'UMP l'emporte -, il gagne, sur le PS et les Verts, Aubervilliers-Est et Montreuil-Ouest, perdus en 2004. Ces deux victoires sont pour Hervé Bramy "comme un soleil qui se lève en Seine-Saint-Denis. ça fait du bien au peuple communiste". Le groupe PC a bien l'intention de faire entendre "ses exigences" au sein de la majorité dès cet après-midi lors de sa réunion avec les socialistes.
A Europe Ecologie-Les Verts, on digère tant bien que mal la "grosse surprise" de Montreuil. "C'est un résultat très décevant, on espérait vraiment gagner", avoue sans ambages Lino Ferreira, le patron d'EELV dans le 93, qui veut se laisser le temps d'analyser "l'alchimie locale". Les écologistes n'ont finalement obtenu qu'un seul siège, celui qu'occupera le Sevranais Jean-François Baillon. Hier, les tractations ont débuté avec les socialistes autour de sa vice-présidence, d'ores et déjà acquise. "Notre demande vise l'économie sociale et solidaire et l'emploi pour les plus défavorisés", indique Lino Ferreira.
Côté majorité présidentielle, enfin, dès dimanche soir, le patron de l'UMP 93 marquait sa "satisfaction". "On ne s'est pas mal débrouillés", note Eric Raoult, ravi d'avoir gagné un siège. Le député-maire du Raincy ironise sur les cantons perdus par le PS : "Bartolone rêvait de battre des communistes et des UMP. ça a été plus compliqué que prévu." Reste une sérieuse épine pour Eric Raoult : la perte du canton à cheval sur sa commune et celle de Clichy-sous-Bois, remporté par le PS Claude Dilain. "Evidemment, je suis déçu", confie-t-il, tout en dénonçant, comme Ludovic Toro, le candidat déchu des "irrégularités" dans le scrutin. Les élus d'opposition désigneront, avant jeudi, le successeur de Ludovic Toro à la tête de leur groupe.
Source : Blandine Seigle et Gwenael Bourdon. Le Parisien du 29/03/2011