Said Hadji pédiatre à l’hôpital Robert Ballanger d’Aulnay-sous-Bois et M’Hammed Henniche de l’UAM 93 sont arrivés à Gaza
Publié le 21 Septembre 2014
Ils s'étaient envolés de Roissy le 17 août pour Gaza... et sont finalement arrivés le 14 septembre. Des trois médecins partis en mission avec l'Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis (UAM 93), seul Said Hadji, pédiatre à Robert-Ballanger et Necker, est sur place. Il est avec M'Hammed Henniche, secrétaire général de l'UAM 93, organisateur de cette mission. Le journal Le Parisien a pu les joindre par téléphone.
Pourquoi avez-vous mis quatre semaines à entrer dans Gaza ?
M'HAMMED HENNICHE. Vu la rupture du cessez-le-feu, les Egyptiens n'ont pas voulu nous laisser passer. Nous avons attendu deux semaines au Caire puis sommes rentrés à Paris. L'ambassade de France nous a fait savoir peu de temps après qu'il y avait une possibilité de repartir. Seul Said Hadji était disponible à ce moment-là, alors nous sommes partis tous les deux vendredis (NDLR : le 12 septembre) et sommes arrivés à Rafah à la première heure, dimanche.
Qu'y faites-vous ?
M.H. Je prends contact avec les associations et Said va dans les hôpitaux, notamment auprès des enfants.
A quoi ressemble Gaza aujourd'hui ?
M.H. Beaucoup de gravats, des quartiers ont été épargnés mais d'autres sont complètement ravagés. Il faut savoir qu'à Gaza la densité est telle que les immeubles se touchent. Les habitants disent que, à défaut de pouvoir étendre les frontières, ces gravats, jetés à la mer, leur permettent de gagner quelques mètres carrés ! Il fait très chaud, l'électricité est rationnée, disponible huit heures par jour. Des gens dormaient dans les écoles, mais depuis dimanche, les enfants ont fait leur rentrée.
SAID HADJI. On dirait qu'il y a eu un tremblement de terre, imaginez plusieurs bâtiments écrasés, des rues entières détruites sur un kilomètre, des hôpitaux démolis. On voit beaucoup de blessés, avec des « fixateurs externes », c'est ce qu'on met lorsqu'on ne peut pas plâtrer, lorsque la peau est abîmée. Mais ce qui ne se voit pas c'est l'impact psychologique, le traumatisme est grand.
Comment le mesurez-vous ?
S.H. Des enfants sont choqués, certains sont atteints d'énurésie (NDLR : ils font pipi au lit). J'en ai vus lors de consultations qui ne parlaient pas du tout. Il y a un énorme besoin de soutien psychologique. Nous tentons d'évaluer les besoins pour former une nouvelle mission qui pourrait partir assez vite.
Quel est l'état d'esprit des habitants ?
S.H. D'un côté, très digne. Ils veulent nous inviter alors qu'ils n'ont rien...
M. H... et que la vie est très chère. Comme rien ne rentre, les prix sont élevés. Un sandwich kebab par exemple, c'est à peine moins cher qu'en France. Un mouton pour l'Aïd, va se vendre ici 300 à 400 € alors qu'en Egypte, il s'achète 150 à 200 €. On sent aussi une immense fatigue, certains pensaient que cette guerre qui a duré cinquante et un jours ne finirait jamais. Les gens demandent à partir, veulent émigrer, demandent ce qu'il faut faire pour avoir un visa, ce n'était pas ce qu'on nous disait en 2009. On entend désormais parler d'embarcations clandestines tombées en mer. Les gens commencent à désespérer.
Source : Le Parisien