Quelles villes pour demain ? Partie 2

Publié le 26 Mars 2010

Il a suffi qu'un litre d'essence remplace dix paires de jambes ou cent paires de bras pour bâtir un monde dérisoire. Le temps est venu de "toucher terre".

La faillite industrielle.

La lucidité nous impose de considérer qu'avec l'épuisement de l'énergie et des matières premières, le développement industriel ne sera jamais durable et que le sort des villes et des mégapoles est à revoir sous un angle plus large que celui d'un "aménagement" citadin. A l'échelle planétaire, la relève énergétique dont tout dépend n'est pas assurée avant de longues décennies.

Au-delà des bulles financières et immobilières, nous aurons vécu dans une bulle industrielle, le temps de l'essor des grandes villes, des années folles et des Trente Glorieuses, pour vivre aujourd'hui "la plus belle faillite de l'économie de marché qui n'a pas intégré, dans ses calculs, le coût progressif de la diminution des matières premières ainsi que des provisions budgétaires considérables pour les pollutions et risques climatiques" (rapport Olivier Stern).

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Nous sommes à genoux, faute de ressources et peut-être aussi par humilité, ce mot dont la racine même, humus, nous révèle la clé du sens de notre humanité. Tel le fils prodigue, nous sommes assignés, comme le dit Pierre Rabhi, "au recours à la Terre". En citant le titre des trois livres de Pierre Gevaert, L'avenir sera rural, L'exode urbain est pour demain, La famine mondiale est imminente, nous retournons à l'évidence que la Terre sera notre premier besoin et qu'il nous faudra faire la part des choses en quittant "l'urgence pour l'essentiel" (Edgar Morin).

Face à cette réalité, nous avons le choix du déni, du refus, du catastrophisme, de la peur... ou d'accueillir avec enthousiasme cette occasion unique d'un développement tout autre qu'un dernier sursaut d'aménagement d'une économie moribonde.

La nouvelle dynamique rurale.

" On ne va tout de même pas mettre tout le monde à la campagne !"
Sûrement pas. Pour parer au "tout et tout de suite" qui engendrerait le chaos et la souffrance, c'est "maintenant et pour bientôt" qu'il faut se préparer. Rappelons que l'exode rural a déplacé des dizaines de millions de personnes en un temps record vers les villes champignons et les banlieues ouvrières. Pourquoi pas l'inverse ? Qui a décidé pour nous ?


Le documentaire Baraque Blues retrace l'énorme pression des pouvoirs publics pour chasser pauvres et même riches des cabanes dressées en hâte en 1945, après la destruction systématique des villes comme Brest, Saint-Nazaire, Lorient... Malgré cette précarité, la vie, la créativité et la solidarité s'étaient organisées spontanément pour faire de ces camps provisoires des lieux où il faisait bon vivre. Pour allécher les clients, le ministère de la Reconstruction fut contraint de baisser les loyers des HLM en stigmatisant ceux qui refusaient le confort. Cet exemple montre que, malgré de nombreuses résistances, une volonté officielle inspirée d'un plan Marshall s'est imposée de gré ou de force, après la Seconde Guerre mondiale, au nom du "développement" mené rapidement et de main de maître, engendrant des fortunes colossales.


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Aujourd'hui, l'amorce d'un flux des villes vers les campagnes est l'expression de nouvelles valeurs. La lassitude d'un monde où le confort se paie cher en argent, en travail et en temps, en perte de sens, de liens humains et de créativité éveille le désir d'autre chose. Le besoin de Nature refait surface pour se relier à sa propre nature...

Source : Patrick Baronnet, Biocontact Février 2010.


Rédigé par Stéphane Fleury

Publié dans #Urbanisme

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