Quelles villes pour demain ? Partie 1

Publié le 25 Mars 2010

Il a suffi qu'un litre d'essence remplace dix paires de jambes ou cent paires de bras pour bâtir un monde dérisoire. Le temps est venu de "toucher terre".

Les villes ont toujours existé à travers les civilisations avec leurs grandeurs, palais fastueux, voûtes romanes, ogives gothiques des cathédrales, parcs et pièces d'eau, théâtres et places animées, entrelacs d'humbles ruelles, créations artistiques, innovations architecturales, bouillons de culture et métissage, témoins de l'Histoire et du patrimoine humain... et leurs décadences.

La ville rurale.

Pendant des millénaires, l'expansion des villes, en surface et en population, se régule selon la capacité de la paysannerie à gérer les besoins fondamentaux des cités. Erigées au temps des civilisations rurales, elles vivent aux dépens des surfaces agricoles environnantes, du travail des paysans, des serfs ou des esclaves qui paient les charges : taille, gabelle... prélevées par les collecteurs d'impôts, soutenus par une armée en cas de jacquerie.

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La ville industrielle.

L'ère industrielle amorce la désertification des campagnes et engendre progressivement les agglomérations urbaines surpeuplées. En imposant de produire de plus en plus de nourriture avec de moins en moins de main-d'oeuvre (60% des exploitations agricoles ont disparu en 30 ans), les villes deviennent aujourd'hui un non-sens en matière de gestion des territoires. Totalement sous perfusion, elles ne pourront survivre à l'inéluctable rareté des énergies fossiles limitées et polluantes.

Vers la moitié du XIXé siècles, avec la découverte des richesses du sous-sol, les pionniers du "développement" produisent en série des objets manufacturés et, surtout, inventent le machinisme agricole. Les moteurs et la chimie ont ainsi fait chuter la population agricole de 70% à 3% en un siècle environ. Cette main-d'oeuvre libérée (ou plutôt exilée), afin d'être disponible sur place, s'engouffre dans la gueule des usines implantées dans les villes qui ne sont plus des places de marché et des lieux de négoce mais des centres industriels grossissant en nombre d'habitants et en surface, au fil du développement scientifique et technologique.

Encerclé dans l'étau de ses nouvelles ceintures, le centre-ville devient centre historique, les agréables rues piétonnes aménagées offrent aux passants et touristes le témoignage de l'époque préindustrielle. Le coeur des villes abrite les nouveaux commerces : centres de téléphonie, agences immobilières, assurances et banques... tout un symbole ! Peut-on encore appeler "villes" ces banlieues aux cages superposées construites à la hâte où dorment, entassés dans les constructions "hors-sol" des cités-dortoirs proches des zones industrielles, les esclaves du développement ?

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Afin d'alimenter les villes en énergie, matières premières et nourritures, le transport devient la clé de voûte stratégique sans laquelle la ville industrielle n'existerait pas (90% des régions européennes sont dépendantes de la grande distribution et des transports internationaux). Les infrastructures concernant la gestion de l'eau potable, des eaux usées, des déchets et des services deviennent de plus en plus lourdes et onéreuses. Ainsi, la ville contemporaine est indissolublement liée au développement industriel. L'empreinte écologique et l'emprise au sol des mégapoles est démesurée : pour survivre, la ville de Londres a besoin de 150 fois sa propre surface. La laideur des banlieues, la délinquance, le manque diffus de nature, la destruction du tissu social rural et des sociétés sont les conséquences humaines d'une absence de gestion des territoires.

Source : Patrick Baronnet, Biocontact Février 2010.

Rédigé par Stéphane Fleury

Publié dans #Urbanisme

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