PSA n’exclut pas de fermer l’usine d’Aulnay-sous-Bois dès 2013
Publié le 24 Avril 2013
La grève qui paralyse le site PSA Peugeot Citroën d'Aulnay-sous-Bois, en région parisienne, "pourrait nous obliger" à le fermer dès cette année, a indiqué mercredi le directeur financier du constructeur automobile français, Jean-Baptiste de Chatillon. A la question de savoir si PSA pourrait fermer l'usine d'Aulnay dès cette année et non en 2014 comme prévu, M. de Chatillon a expliqué que "le fait qu'un petit nombre de personnes continue à perturber notre usine pourrait nous y obliger", lors d'une conférence d'analystes. "Je ne peux pas vous dire aujourd'hui quand cela se produirait mais ceci ne poserait pas de problème" car PSA est en train de faire basculer la production de la Citroën C3, faite à Aulnay, sur le site voisin de Poissy, dans les Yvelines, a-t-il ajouté.
Dans le cadre d'un vaste plan de restructuration en France qui touche plus de 11.200 personnes en France, le numéro un automobile français a prévu de fermer Aulnay, qui emploie moins de 3.000 salariés à l'heure actuelle. "C'est le chantage habituel des patrons", a réagi Philippe Julien, secrétaire général de la CGT du site, moteur de la grève qui paralyse l'usine depuis plus de trois mois. La perte de production a été évaluée à plus de 14.000 voitures par la direction. "C'était ce qu'ils avaient prévu de faire, de toutes façons. Quand ils parlaient d'une fermeture en 2014, c'était en fait en janvier 2014", a-t-il affirmé, rappelant que la phase de départs volontaires courait jusqu'en décembre 2013. "Maintenant ils vont coller ça sur le dos des grévistes (...) ils se servent de ce prétexte parce qu'ils sont en échec complet devant la détermination des grévistes", a ajouté M. Julien.
"C'est ce qu'on obtient quand on arrête de produire. Une fois que tu ne fabriques plus, tu ne les intéresses plus", a pour sa part jugé Tanja Sussest, déléguée du SIA, syndicat majoritaire à Aulnay-sous-Bois. "On a l'impression que la CGT leur rend service, qu'ils sont de mèche!", a-t-elle fustigé, jugeant l'annonce d'une éventuelle fermeture anticipée "scandaleuse". "Il est hors de question d'écourter les délais donnés dans le cadre du PSE et des négociations sur les mesures d'accompagnement" des salariés, a-t-elle mis en garde. Le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) doit être entériné lors d'un comité central d'entreprise le 29 avril. "Si la direction perd de l'argent, ce n'est pas mon problème!", a encore dit Mme Sussest.
PSA Peugeot Citroën a par ailleurs publié mercredi un chiffre d'affaires en baisse de 6,5% à 13,0 milliards d'euros au premier trimestre et a réaffirmé que la dégradation plus forte que prévu du marché automobile européen allait l'amener à engager des négociations sur la compétitivité. Le chiffre d'affaires de sa branche automobile, la plus importante, a chuté de 10,3% à 8,7 milliards d'euros sur ces trois mois, à cause de la dégringolade du marché européen où il réalise encore 57% de ses ventes et de "la pression maintenue sur les prix", selon un communiqué de l'entreprise. La progression des ventes du groupe en Chine et en Amérique latine n'a donc pas suffi à compenser son recul en Europe, où sa part de marché est tombée à 12,3% contre 12,9% au premier trimestre 2012.
Et PSA souligne sa crainte que le marché européen puisse "être plus difficile qu'attendu" en 2014, ce qui pourrait l'amener à "de nouvelles mesures opérationnelles", sous la forme d'un accord de compétitivité sur ses sites en France, suivant ainsi l'exemple de Renault. "Les mesures opérationnelles que nous sommes en train d'étudier, c'est le lancement de négociations (...) sur la compétitivité du groupe", a expliqué son directeur financier Jean-Baptiste de Chatillon lors d'un point presse. "Nous discuterons avec les partenaires sociaux à partir du deuxième trimestre." Il n'a pas voulu entrer dans le détail du contenu des futures négociations mais a reconnu que les questions du temps de travail, des congés et des augmentations de salaires, "c'est effectivement tout ce qui peut couvrir un accord de compétitivité".
A la question de savoir si les négociations sur la compétitivité pourraient déboucher sur de nouvelles suppressions d'emplois, M. de Chatillon a assuré que "ce n'est pas l'objet de ces discussions". Le constructeur, qui tient son assemblée générale des actionnaires ce mercredi, pourrait aussi être amené à retarder certaines dépenses d'investissement et il compte encore vendre des biens immobiliers pour 200 millions d'euros cette année.
Source : AFP