PSA commence à démonter l’usine d’Aulnay-sous-Bois !
Publié le 6 Décembre 2013
A l’usine PSA d’Aulnay, les journées se divisent désormais en deux. Le matin, les salariés qui restent (un peu moins de 800) tuent le temps entre un rendez-vous au cabinet de reclassement et un forum de l’emploi. L’après-midi, alors que le personnel quitte les lieux, les semi-remorques arrivent : le démontage a commencé. A l’abri des regards, on démantèle la ligne de montage, les machines… Une partie du matériel part pour les autres usines du groupe. « En arrivant, tous les matins, on se rend compte que des installations ne sont plus là », note un salarié.
Un comité d’établissement se tient ce matin
C’est la dernière ligne droite pour l’usine, qui fermera l’an prochain. Un comité d’établissement se réunit ce matin. La direction doit y préciser la manière dont l’usine fonctionnera après le 31 décembre. La date marque la fin de la période dite de « volontariat », durant laquelle les salariés pouvaient choisir une mutation ou un reclassement externe. Ensuite, ce sera la phase « contrainte » : s’ils refusent les dernières offres faites par la direction, les salariés restants pourront être licenciés à partir d’avril.
Combien seront-ils? La direction affirme que 2766 salariés, sur les 3000 que comptait l’usine en juillet 2012, sont « reclassés ou en passe de l’être ». Sur 800 salariés encore présents à Aulnay, 550 « ont un dossier engagé, pas encore validé par toutes les parties. Leur départ est une affaire de jours, assure un porte-parole. 230 personnes ne se sont pas encore positionnées ».
Dans le camp syndical, on s’inquiète. « 300 à 400 personnes vont entrer dans la phase contrainte », tempête Philippe Julien, délégué CGT qui manifestait encore en début de semaine à Paris sous les fenêtres du Medef, pour réclamer « de vrais reclassements ». Brahim Loujahdi, délégué CFTC, pointe « tous ceux qui ne peuvent partir d’Aulnay, parce qu’ils ont une maison, une femme qui travaille et qui resteront jusqu’au bout parce qu’ils n’ont pas trouvé de solution satisfaisante ».
Autre crainte, exprimée par le SIA (syndicat indépendant de l’automobile) : la réindustrialisation annoncée tarde à faire sentir ses effets. L’entreprise ID Logistics avait promis près de 600 emplois, réservés en priorité aux ex-PSA. Le maire PS d’Aulnay, Gérard Ségura, annonçait fin novembre que seuls trois salariés de l’usine avaient été embauchés. « Une vingtaine de personnes ont demandé un contrat, cinq ou six l’ont signé et neuf de plus l’auront fait d’ici la fin de la semaine», précise Eric Hémar, PDG d’ID Logistics.
L’entrepreneur fait une distinction entre les ex-PSA qu’il a recrutés pour d’autres sites en région parisienne (bientôt 41), et ceux qui doivent à terme travailler à Aulnay. Ces derniers devront en fait patienter environ un an avant d’être réellement embauchés par ID Logistics… et toucher leurs indemnités de départ. En attendant, ils seront en « congé de réindustrialisation », touchant 60% de leur salaire actuel. « Les gens sont longs à se décider, mais je peux les comprendre, ils font leurs calculs », glisse Eric Hémar, qui pronostique un flot de candidats de dernière minute. « Certains contrats pourront être finalisés début 2014, si les gens n’ont pas eu le temps de faire toutes les démarches ».
Source : Le Parisien