Najat Vallaud-Belkacem en visite à Bondy annonce un plan d’urgence pour l’école en Seine-Saint-Denis
Publié le 20 Novembre 2014
L'attente était très forte, à la mesure de la déception après une rentrée manquée. La Seine-Saint-Denis a cumulé les ratés au niveau éducatif : manque d'enseignants, profs remplaçants non formés, instits vacataires payés en retard... Hier, la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, est donc sortie de son silence en présentant un plan d'action sur trois ans pour les écoles du département. « Nous travaillons depuis deux mois à ce projet qui s'inscrit dans la durée. Ce n'est pas une action ponctuelle », a assuré la ministre, hier, lors de sa visite à l'école Jean-Rostand, à Bondy.
En neuf mesures, Najat Vallaud-Belkacem espère « enrayer la mécanique infernale enclenchée quand ce territoire était délaissé avant 2012 ». Des mesures encore loin de convaincre certains parents, élus et syndicats, toujours mobilisés. Voici les quatre points phares.
Hausse du recrutement d'enseignants d'ici 2017. En Seine-Saint-Denis, dans le 1 er degré (primaire et maternelle), l'Education nationale a recruté 150 enseignants en 2013 et 147 en 2014. La hausse va s'accélérer avec 500 recrutements prévus en 2015, 2016 et 2017 (soit en moyenne 167 postes en plus par rentrée). Ces enseignants supplémentaires viendront renforcer le dispositif Plus de maîtres que de classes dans 38 écoles, développer la scolarisation des moins de 3 ans, mais surtout absorber la hausse démographique (2 000 élèves supplémentaires chaque rentrée).
Bientôt deux concours spécifiques. Dans le 93, il manque non seulement des postes, mais surtout des volontaires pour les occuper. « L'enseignement redevient un métier attractif. On va ouvrir les vannes », assure Najat Vallaud-Belkacem. Dans toute l'académie de Créteil (Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne et Seine-et-Marne), il y aura 5 395 candidats en 2015 (contre 4 314 en 2014), pour 1 685 postes à pourvoir (1 090 l'an dernier). En outre, un concours supplémentaire sera créé, pour permettre aux étudiants ayant échoué dans d'autres académies de postuler à Créteil. Dès 2015, 500 postes seront à pourvoir lors de ce second concours. Un autre concours spécifique, destiné aux contractuels ayant au moins une année d'enseignement, sera organisé en 2016.
Des contractuels mieux préparés. Ces enseignants remplaçants, envoyés parfois par Pôle emploi sans formation, vont bénéficier « d'un accompagnement beaucoup plus solide ». Au menu : six demi-journées de formation spécifique (la première a eu lieu hier), la nomination d'un tuteur pour chaque contractuel et un recrutement dès l'été pour anticiper les besoins et former les recrues avant la rentrée. Et pour les étudiants à l'école des professeurs (Espe) de Créteil, une formation en alternance (qui n'existait pas jusqu'alors) leur permettra de toucher le smic tout en enseignant et en passant leur Master 1.
Des profs incités à rester en ZEP. La réforme de l'éducation prioritaire, prévue pour mi-décembre, concernera le 93 : 13 réseaux (REP +) en plus sont prévus, ce qui en portera leur nombre à 78 dans le département. Il y aura un enseignant supplémentaire dans ces écoles et ils seront mieux indemnisés : l'indemnité en REP + passera de 1 156 € annuels à 2 312 € (+ 100 %). Outre cette mesure, les affectations des enseignants seront contrôlées. En gros, les stagiaires ne seront plus tous envoyés dans des zones sensibles, et le CP sera évité. « Certains secteurs sont dépourvus d'enseignants expérimentés », observe la ministre. Les demandes de mobilité des profs titulaires seront donc « examinées par les autorités académiques dans le souci de ne pas laisser des écoles ou des classes sans enseignant titulaire ».
Source : Le Parisien