Menaces sur le financement des transports du Grand Paris
Publié le 22 Mai 2014
Ecotaxe bloquée, hausse de la TVA et réduction des investissements… Il devient de plus en plus difficile de trouver l’argent nécessaire aux futures infrastructures.
Après des semaines d'incertitude, Jean-Marc Ayrault annonçait, le 6 mars 2013 à l'université de Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne), que le Grand Paris des transports, qui inclut le réseau de 72 gares du Grand Paris Express mais aussi le plan de modernisation des lignes existantes, serait intégralement financé. Un an après, pourtant, ce projet « d'une ambition sans précédent » selon les termes de l'ancien Premier ministre, suscite de vives inquiétudes. Jean-Paul Huchon, président du Stif (Syndicat des transports en Ile-de-France) doit d'ailleurs évoquer le sujet la semaine prochaine avec Manuel Valls.
Victime du report de l'écotaxe, qui devait rapporter 800 M€ par an à l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF), l'Etat n'a pas honoré ses engagements pour 2013 et 2014. Quant à la région, le passage de la TVA de 7 % à 10 % sur les transports a amputé ses ressources de 100 M€.
Et l'avenir ne s'annonce guère plus radieux, avec la réduction annoncée des dotations de l'Etat aux collectivités de 11 MEUR au cours des trois prochaines années. Logiquement, « tout l'exécutif régional est très inquiet », confie Pierre Serne, le vice-président du conseil régional chargé des transports.
Et ils ne sont pas les seuls. Il y a huit jours, Bruno Cavagné, le président de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP), a appelé à « trouver très vite une solution pérenne de substitution » à l'écotaxe afin de redonner du souffle à l'AFTIF, dont il qualifie le budget de « catastrophique ». Avant-hier, ce sont les élus du Groupement des autorités responsables de transport (Gart) qui se sont fait l'écho de cet appel, en rappelant « le caractère essentiel de la mise en oeuvre de l'écoredevance poids lourds », sans laquelle disparaîtrait « un grand nombre d'emplois ».
Après la publication du rapport parlementaire sur l'écotaxe, « le gouvernement présentera rapidement ses conclusions », indique le cabinet de Frédéric Cuvillier, le ministre des Transports, qui assure que ce dernier est « bien conscient de l'urgence » du dossier. Il rappelle par ailleurs que les fonds nécessaires à la réalisation du Grand Paris Express ont été « sanctuarisés » et que l'ordonnance, attendue en juin, qui permettra de prélever 2 Mds€ dans les caisses de la Société du Grand Paris pour financer la modernisation du réseau existant « ne remet pas en cause le calendrier de réalisation annoncé en mars 2013 ». En revanche, les demandes de ressources nouvelles exprimées par la région Ile-de-France semblent désormais difficilement compatibles avec « l'impératif de rétablissement des comptes publics ».
Source : Le Parisien