Les Twin Twin de Montreuil vont représenter la France au Concours Eurovision de la chanson 2014
Publié le 6 Mai 2014
Difficile de dire « non-non » quand on vous propose de jouer devant environ 350 millions de spectateurs. C'est d'ailleurs pour ça que les Twin Twin ont dit « oui-oui ». Le groupe, originaire de Montreuil, a été sélectionné pour représenter la France au Concours Eurovision de la chanson ce samedi. Une occasion formidable pour le trio qui vient de sortir son deuxième album le 10 avril*, un mélange hip-hop, pop et electro.
Lorent-Idir et François-Djamel connaissent Montreuil sur le bout des doigts. Les jumeaux y sont nés il y a vingt-huit ans et, très tôt, ont voulu se lancer dans la musique. Ils autoproduisent un premier album en 2008, « Chimère », et écument toutes les salles de la ville. « A Montreuil, il y a une véritable énergie créatrice dont on se nourrit, souligne Lorent-Idir. C'est important de baigner dans cette ambiance. » Touche à tout, les deux frères se lancent dans le cinéma et réalisent un moyen-métrage produit par Why Not Production (qui s'occupe notamment des films de Desplechin, d'Audiard ou de Podalydès). « L'ancien directeur du Méliès, Stéphane Goudet, nous a proposé de jouer dans le cinéma et de faire un concert, détaille François-Djamel. Il nous manquait un beat boxer (NDLR : boîte à rythme humaine) et nous avons intégré Patrick, 29 ans, le troisième membre du groupe. » Au-delà de la musique, les Twin Twin, c'est surtout un style de vie. « J'habitais Villeparisis (Seine-et-Marne) et je voulais me rapprocher de Paris, les jumeaux m'ont proposé une colocation à Montreuil, raconte Patrick Biyik. Et là, j'ai eu un choc culturel. » Car leur maison, c'est un peu « l'Auberge espagnole ». Patrick a ainsi croisé une danseuse suédoise, une chanteuse américaine et, le fin du fin, un écrivain russe qui fût le chauffeur... de la famille Kalachnikov.
« Tout cela, ça concourt à notre créativité. Il n'y a qu'à Montreuil qu'on trouve une telle palette de talents », assure Patrick. Après leur premier album, le trio enchaîne les concerts. Des vrais stakhanovistes de la scène avec pas moins de 250 performances entre 2010 et 2013. Les premiers furent d'ailleurs réalisés avec une vieille sono cassée qui provenait... du conseil général. C'est dire si le groupe est attaché au département.
« Grâce à des endroits comme les Instants chavirés, le café la Pêche, la maison populaire, on a découvert des styles et enrichi le nôtre », s'emballe Lorent-Idir. Ils finissent par se faire repérer et assurent les premières parties de Shaka Ponk, Stromae ou Nina Hagen. En Espagne, ils jouent avec Gloria Gaynor. Ils partent en Allemagne, au Canada et même en Colombie. Puis le responsable de la partie France de l'Eurovision les appelle pour leur proposer de participer à l'émission. « Une expérience unique, un spectacle populaire et fun qu'on serait stupide de refuser », sourient les trois compères. Si le trio a fini par quitter Montreuil pour s'installer à Paris, il continue à répéter dans leur ville d'origine. « On sait où on a grandi et on ne l'oubliera jamais, analyse François-Djamel. Revenir ici, c'est vraiment naturel. »
Samedi au Danemark, leur titre « la Moustache », une chanson dance et colorée, devrait faire frémir le jury.
* Twin Twin, « Vive la vie », Edition Warner.
Source : Le Parisien