Le changement, c’est maintenant !
Publié le 22 Avril 2013
J’ai regardé, un peu par hasard, il y a peu, une émission sur les campagnes présidentielles sur France 3. Ce qui m’a frappé c’est le talent de ces monstres sacrés pour attirer voire électriser les foules, du moins pour les vainqueurs, leurs tempéraments de guerriers et surtout l’occurrence du mot « changement ». « Le changement dans la continuité » disait déjà G. Pompidou en 1969. Slogan que reprit V. Giscard d’Estaing en 1974. « Changer la vie » proclamait F. Mitterrand en 1981. « Présider autrement » disait Jospin en 2002. Puis la fameuse « rupture » annoncée par N. Sarkozy en 2007 ou le slogan « Ensemble, tout devient possible » et enfin le fameux « Le changement, c’est maintenant » de F. Hollande en 2012.
Le principe est toujours le même : « Demain, les choses iront mieux » (sous-entendu avec moi) ou encore « L’herbe est toujours plus verte ailleurs ». Comme si l’arrivée d’un nouveau responsable allait par un coup de baguette magique, changer tout de suite et radicalement la nature des choses. Comme si, par miracle, un nouvel élan allait triompher des freins et des pesanteurs de la société. Comme si un thaumaturge allait subitement faire éclater la foudre du changement. Comme si le nouveau « chef » était soudain doté de pouvoirs spéciaux pour ouvrir, à lui tout seul, la perspective d’un nouvel horizon.
Hélas, il faut donc n’y voir, bien souvent, que la fameuse version toujours renouvelée de la fameuse formule : « Demain, on rasera gratis ».
Car, si des changements se produisent, c’est bien plus souvent en liaison avec l’évolution des mœurs (suppression de la peine de mort, majorité à 18 ans, apparition de la pilule, autorisation de l’avortement, parité entre les hommes et les femmes, pacs,…), l’évolution de la sphère économique (ouverture des marchés, internet, téléphone portable par ex) ou sociétale ( échanges via les réseaux sociaux) que par l’action délibérée des hommes politiques.
Mais ce principe repose sur un désir essentiel, une croyance ou un espoir mimétiques reposant sur l’idée que cela ira mieux demain. C’est pourquoi, elle marche toujours. Espoir toujours déçu, mais sans cesse renouvelé. Obéissant à la logique implacable de l’émotion plutôt qu’au cercle de la raison.
C’est bien pourquoi, nous disons à notre tour, aujourd’hui, à la lumière des espoirs déçus : entrons dans le changement du pseudo changement que l’on a voulu nous vendre. Et, pour cette fois-ci, en faisant appel, non à l’émotion aveugle mais à la raison partagée.
Plus que jamais, proclamons alors : « Le changement c’est maintenant ! » Cruelle ironie de l’histoire mais juste retour des choses !
Veritis