Le Billet de Veritis : Du numérique à l’absence de télé !
Publié le 9 Mars 2011
Le 8 mars, ce n’était pas seulement la journée de la femme c’était aussi la journée sans télévision si vous n’aviez pas de télévision numérique et pas branché votre décodeur…
Alors, moi, à qui il m’arrive d’être facétieux, je me suis dit : tiens voyons ce que ça fait de ne plus avoir de télé !
Car, à vrai dire, quand il m’arrive de la regarder la télé, je branche, assez souvent, le petit décodeur que j’ai dans la tête…C’est un peu la même chose avec les tracts, les affiches électorales ou ce que l’on nomme joliment les professions de foi que l’on trouve dans une enveloppe nous invitant à voter. Là, je m’éloigne un peu, mais est-ce si sûr ? …
Petite histoire personnelle.
La première fois que j’ai vu un écran, c’était dans un petit village de cette France profonde à laquelle je suis attaché comme beaucoup de franciliens qui ont eu la chance de grandir en milieu rural. Nous n’avions pas de télé, ni de cinéma, mais un de nos voisins, qui avait un bistro et une grande salle attenante, y projetait, de temps en temps, un film. J’étais petit, mais je m’en souviens encore. Avec des yeux émerveillés, j’ai donc regardé « Jour de fête » de J. Tati. C’est peut-être aussi la raison pour laquelle j’essaie de faire de chaque jour, un jour de fête ! Mais ceci est une autre histoire !
Revenons donc à notre bonne vieille télé.
Petite séquence nostalgie. A une époque que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître, nous pouvions regarder « La caméra explore le temps », « Cinq colonnes à la Une », « Belphégor », « Le palmarès des chansons » où nous pouvions voir et écouter Brel, Ferrat, Brassens,…, « Apostrophes » ou « Bouillon de culture » de B.Pivot, « Le Ciné-club » ou le « Cinéma de minuit » sans oublier « L’Heure de Vérité ».
Au tout début, il n’y avait pas de réclame et l’audimat n’existait pas. Mais comme il faut vivre avec son temps, la pub est apparue et avec elle la mesure d’audience…
La pub et les programmes contemporains.
Je peux apprécier la beauté plastique et la créativité d’un film publicitaire sans avoir envie de me farcir les incitations à consommer qui en découlent. Et donc je ne regarde pas la pub. Aussi simple que cela. Vous n’êtes pas frappés vous par le lien qui peut exister entre ce matraquage publicitaire et ces braves gens qui se précipitent dans les rayons des hypermarchés pour remplir leurs chariots ?
Et maintenant, me direz-vous, que peut-on voir à la télévision ? Des journaux télévisés qui carburent à l’émotion et à la sensation. Des hommes ou femmes politiques qui pratiquent abondamment la langue de bois. Des films d’une violence inouïe qui sapent l’entendement. Des rediffusions de série largement amorties. Que sais-je encore ? Un martien qui viendrait nous visiter se demanderait bien dans quel monde nous vivons !
Bien sûr, il n’y a pas que cela. Il y a aussi parfois des reportages instructifs, des émissions de débat intéressantes, des vieux films qui valent encore le détour, des jeux moins stupides que d’autres, des occasions de se divertir ou se distraire après une dure journée de travail.
Mais au final, il n’y a le plus souvent qu’un bourrage de crâne dispensé devant des téléspectateurs passifs au point que de nombreux penseurs ou chercheurs ont pu montrer l’influence néfaste de la télévision sur le travail et la santé des écoliers, des collégiens et des lycéens sans compter celle tout aussi pernicieuse sur la vie des adultes : avidité, violence des rapports sociaux, mimétisme…
Sans compter un autre type d’influence tout aussi préoccupant qui font dire à certains que cette « télécratie » par des voies plus ou moins subtiles ou grossières viendrait par des moyens détournés saper les fondements mêmes de notre démocratie. Messages répétitifs, dictature de l’émotion, tyrannie de l’instant, exagération du sensationnel, grossissement du trait, absence de mise en perspective : tout concourt en effet pour qu’une sorte de machine du prêt à penser se mette en route en surfant sur les évènements et les réactions de l’opinion au détriment de la pertinence de l’analyse.
Alors télé ou pas télé ? Ou bien la télé autrement ?
Quelques modestes suggestions donc :
1. Si vous n’avez pas de télé. Très bien. Vous êtes sur la voie de la sagesse.
2. Si le sevrage est trop difficile. Fixez-vous des étapes. La télé est une drogue dure qu’il faut savoir maintenir à distance.
3. Si vous avez une minute ou une heure de cerveau disponible, posez-vous la question de savoir s’il n’y a pas mieux à faire que de regarder la télé
4. Si, malgré tout, vous avez décidé de regarder une émission, n’abandonnez pas vos facultés d’analyse et de recul, cela pourra vous être utile. Développer l’écoute et la vision active : si le programme est inintéressant faîtes autre chose !
Aussi simple que ça. Mais je disais cela juste en passant à cause de ce fameux petit décodeur. Après tout, vous êtes bien assez grands pour faire ce que vous voulez !