Le Billet de Veritis : Aulnay-sous-Bois : Vers une fracture irrémédiable ?
Publié le 31 Mars 2011
Décidemment, en matière électorale, Aulnay libre ! vous en donne vraiment plus !
A Aulnay, nous avons plusieurs types de fractures : géographiques, sociales, urbanistiques que nous souhaitons tous réduire Mais il en est une qui semble s’accroitre : c’est la fracture électorale !
C’est ce qui ressort d’une analyse très précise de l’évolution de 2004 à nos jours des rapports de force entre « gauche » et « droite » selon que l’on se situe dans les quartiers situés au nord du canton (pour l’essentiel à habitat collectif) ou au sud du canton (pour l’essentiel à habitat pavillonnaire) c’est-à-dire ceux situés au centre de la ville.
Car ceux qui figurent dans le canton sud de la ville ne font bien évidemment pas partie des limites de l’épure…
Maintenant, j’espère que c’est clair pour tout le monde, alors allons-y !
Pour les quartiers nord du canton nord de la ville, nous avons l’évolution suivante (en % au 2°tour) :
Années Gauche Droite
2004 (cantonales) 66 34
2008 (municipales) 70 30
2010 (régionales) 78 22
2011 (cantonales) 78 22
On note donc pour les quartiers nord, un glissement de 4 points entre 2004 et 2008 et surtout de 8 points entre 2008 et 2010 ou 2011, ce qui représente un glissement de 12 points entre les deux élections cantonales.
Comment peut-on expliquer un tel glissement ?
Le score de 2004 n’est pas anormal si l’on considère une analyse sociologique des quartiers (revenus globalement plus faibles, cadre de vie dégradé).
Le score de 2008 reste compréhensible si l’on considère que le niveau de participation plus élevé a davantage profité à la gauche qu’à la droite.
En revanche, les décrochages de 2010 et 2011 sont plus mystérieux.
Au nombre des facteurs explicatifs, on pourrait retenir l’accroissement du chômage depuis 2008. Mais est-il dû à un contexte national lié à la crise ou bien à une politique de l’emploi insuffisamment performante au plan local ?
Quant au cadre de vie, celui-ci a évolué favorablement par endroits (Rose des Vents, Les Etangs, boulevard urbain, début de désenclavement) et reste à améliorer dans d’autres (Gros Saule, Mitry,…) Comment tout cela a-t-il été pris en compte par les électeurs ? Quelle perception ont-ils eu sur ce qui avait déjà été fait et sur ce qui reste à faire ? Savent-ils exactement qui a fait quoi ? En fonction de quel niveau d’information ont-ils pu faire leur choix ? J’avoue que tout cela me laisse encore perplexe…
Pour les quartiers sud du canton nord (ou quartiers centraux de la ville), nous notons l’évolution suivante (en % au 2° tour) :
Années Gauche Droite
2004 (cantonales) 49 51
2008 (municipales) 42 58
2010 (régionales) 54 46
2011 (cantonales) 40 60
Que penser de tous ces chiffres ?
Le score de 2004 est à peu près équilibré entre la droite et la gauche.
Le score de 2008 montre une nette avancée de la droite (+7 points) au détriment de la gauche. Il est possible que cette progression soit due à la fois à une participation plus forte des électeurs de droite et surtout à la perception d’un enjeu plus important s’agissant d’un scrutin municipal.
Le score de 2010, obéissant à un mode de scrutin proportionnel, montre une forte progression de la gauche (+ 12 points) dans la mesure où elle intègre le score des écologistes (12%).
Le score de 2011 marque une rupture profonde par rapport à 2010 puisque la gauche perd 14 points au profit de la droite qui amplifie légèrement son score de 2008 (+ 2 points). Cette dégringolade corrobore parfaitement le mauvais report des voix écologiques sur le candidat de « gauche » et est probablement la marque d’une certaine inquiétude des habitants de ces quartiers par rapport aux réalisations ou aux projets urbanistiques de la ville.
Nous voyons donc bien à travers ces chiffres un effet ciseaux particulièrement significatif de 2004 à 2011 entre les différents quartiers de la ville marqué par un gain de 12 points de la gauche dans les quartiers nord et un gain de 9 points de la droite dans les quartiers du centre.
C’est la raison pour laquelle, il n’est pas superflu, je crois, de parler d’une fracture électorale amplifiée selon les quartiers de la ville.
Pour s’en convaincre, il suffit, d’ailleurs, de consulter ces derniers chiffres :
Pourcentage des voix obtenues par la gauche et la droite selon les quartiers :
2OO4 2011
Nord Centre Total Nord Centre Total
Gauche 55 45 100 71 29 100
Droite 38 62 100 32 68 100
Ainsi, alors que la position de la gauche était assez équilibrée en 2004, elle devient largement déséquilibrée en 2011 (plus de 70 % des voix venant du nord et moins de 30 % venant du centre).
Le glissement en sens inverse est moins sensible pour la droite mais il faut noter là aussi un partage proche de 40/ 60 en 2004 qui se transforme en près de 30/70 en 2011.
Voilà. Quelques chiffres valent souvent plus que de longs discours.
Je laisse le soin à chacun de méditer sur les raisons d’une telle évolution.
Quelles que soient ces raisons, je pense que tout cela n’est pas sain.
Lorsque je parlais de déséquilibre ou d’équilibre dans un billet précédent, je ne visais pas autre chose.
Si j’avais une responsabilité dans la conduite des affaires de la ville, je réfléchirais à deux fois sur la signification de ces chiffres et surtout leur évolution. En effet, sur le plan électoral, jamais la coupure de la ville n’a été aussi nette.
Quand certains parlent d’un discours qui divise…