Le Billet de Veritis : Âge tendre et tête de bois….
Publié le 5 Janvier 2011
Séquence Nostalgie…
Albert Raisner (mais qui connaît encore Albert Raisner ?) nous a quittés à l’âge de 88 ans.
Animateur infatigable d’une émission de télévision qui s’appelait «Âge tendre et tête de bois », carrefour des yé-yé en même temps que Salut les Copains… Je vous parle donc d’un temps que les moins de 20 ans (que dis-je les moins de 40 ans !) ne peuvent pas connaître.
L’époque du début des années 60, celle qui succède au Rock and Roll des Elvis Presley, Chuck Berry ou Jerry Lee Lewis, plus douce, plus romantique ou plus « gnan-gnan » selon le goût de chacun a ainsi bercé la jeunesse des presque sixties d’aujourd’hui.
Le début de l’époque des idoles : Johnny Halliday (déjà) au carrefour du rock et des yé-yé, Eddy Mitchell et les chaussettes noires, Sylvie Vartan (La plus belle pour aller danser), Françoise Hardy (Tous les garçons et les filles de mon âge) et même Sheila (L’école est finie). L’émission quotidienne emblématique à 17h, sur Europe 1 : SLC, Salut les Copains.
Il y avait là de quoi alimenter notre imaginaire et notre capacité de rêverie qui allaient préfigurer nos amours adolescentes…C’était aussi le développement du transistor et l’apparition des premières télévisions en noir et blanc. C’était aussi un petit village à la campagne où tout le monde n’avait pas la télévision mais où régnait une entraide et une convivialité telles que les salons de ceux qui la possédaient se transformaient en mini salles de cinéma.
C’était aussi la préfiguration d’une certaine société de consommation, les spécialistes du marketing ayant bien vu là tout l’intérêt de capter le nouveau désir d’émancipation de la jeunesse et accessoirement …le portefeuille de leurs parents. Revues, posters, le fameux tourne-disques teppaz, les disques microsillons 45 ou 33 tours… Puis, sur cette base vinrent assez vite les premières surprises-parties, boums ou surboums qui n’allaient pas tarder à dévoiler nos premiers flirts et émois d’adolescents…
C’était aussi le temps de James Dean et de sa « Fureur de Vivre », le temps des blousons noirs, puis celui des mini-jupes et des vacances à Ibiza. Le temps d’une jeunesse insouciante qui avait envie de mordre la vie à pleines dents, qui débordait d’enthousiasme, d’espoirs et rêvait de voyages… et annonçait la rupture de Mai 68…
Chaque époque a ses repères, ses rites de passage, ses totems, ses épreuves et ses espoirs. C’est ainsi que se construisent les adolescents avant de devenir adultes. C’est ainsi aussi que les adultes peuvent conserver en eux un peu de leurs rêves d’adolescence !...
« Âge tendre et tête de bois » est, en tous cas, une expression qui convenait fort bien à cette époque. La tendresse des sentiments adolescents mais aussi le « bois » des têtes rudes qui rêvent de transformer le monde… Mais, à vrai dire, à tout âge, on devrait laisser leur place aux « âges tendres et têtes de bois » !
Veritis.