Le Billet de Veritis
Publié le 13 Décembre 2010
Vous avez dit Génération Y ?
Moi, qui fais partie de la génération des « baby boomers » qui est entré à l’âge adulte au moment de Mai 68, (autant dire un vieux crouton !), je ne résiste pas au plaisir de me pencher sur cette fameuse génération Y, dite encore génération du millénaire ou génération digitale. Pourquoi les appelle-t-on ainsi ? Parce qu’ils n’arrêteraient pas de demander : pourquoi ? Ou Why en anglais, d’où « y » qui phonétiquement se prononce de la même façon.
Je suis en effet tombé sur un article décapant du supplément Version Fémina du Journal du Dimanche du 5 décembre dernier, écrit par Sandra Battle.
Si vous êtes capable d’envoyer un SMS, de chatter sur MSM, de consulter Facebook, de twitter, de télécharger de la musique sur votre iPod, le tout en même temps et en moins de cinq minutes ? Alors, assurément vous faîtes partie de la génération Y. Cela est d’autant plus vrai, si vous êtes nés entre 1975 et 1995.
Et là, je vois bien la plupart de mes camarades « blogueurs » de la blogosphère aulnaysienne ! Actifs ou réactifs, espiègles mais sincères, impatients et engagés, sérieux ou plus facétieux, en tous cas généreux, telle pourrait être une série de qualificatifs qui pourraient les caractériser.
Toute la question est alors de savoir comment les structures de la société (entreprises, collectivités, associations, ...) sauront accueillir et attirer une telle génération. Car, il y a là, à n’en pas douter un formidable réservoir de créativité qui ne demande qu’à s’exprimer. Il y manque parfois de l’expérience, mais celle-ci est compensée largement par la fougue de la jeunesse ! Et ce d’autant qu’ils devraient représenter près d’un actif sur deux à l’horizon 2015.
Attachant, semble-t-il, plus d’importance à un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle, ils considèrent, selon le sociologue M. Fize, que le travail n’est plus une « punition divine », la civilisation des loisirs et la (ou les) crise(s) étant passées par là.
« On ne les retient pas avec des titres ronflants, mais avec des projets qui les passionnent, les amusent et leur apprennent des choses » explique encore Lisiane Droal.
Tout cela est bel et bon et j’y souscris entièrement.
On peut, toutefois, se poser quelques questions.
1. La génération zapping n’a-t-elle pas, parfois, une certaine tendance à voguer d’une mode à l’autre, d’un objet à un autre, d’une situation à une autre, sans véritablement aller au fond des choses et en surfant seulement sur des phénomènes passagers ?
2. La génération de l’ « enfant-roi » dont il faut, d’ailleurs, imputer la responsabilité aux parents n’a-t-elle pas, dans certains cas, des effets « secondaires » ravageurs sur le plan de la sociabilité, de l’éducation et de la formation ?
3. Le monde d’Internet n’a-t-il pas la fâcheuse tendance de mettre un peu tout sur le même plan et au même niveau : le buzz anecdotique comme l’analyse fouillée ; l’image choc comme la photo de qualité ; le charabia comme le poème inspiré ?
4. La dictature de l’instant n’a-t-elle pas pour effet de supprimer le temps long, celui de la méditation, de l’histoire, de la rêverie, de la poésie ?
5. La civilisation de l’image n’est-elle pas aussi celle d’une certaine facilité reposant plus sur l’emprise de l’émotion que sur le développement de la réflexion ?
Voilà donc quelques pointillés, quelques interrogations que j’adresse à cette fameuse génération Y, en espérant qu’elle en fera le meilleur usage.
Hormis ces quelques craintes, qui n’ont aucun caractère de fatalité pour peu qu’elle en prenne conscience, j’avoue malgré tout une certaine tendresse pour cette génération Y.
Je me plais alors à imaginer, avec cette génération montante, une autre façon de considérer les affaires publiques, une autre façon de concevoir les rapports sociaux. Une façon, peut-être aussi, de concevoir la vie : simple, sincère, ouverte et équilibrée.
Alors, il me revient aussi mes rêves de jeunesse auxquels tout au long de ma vie, je me suis efforcé de rester fidèle. Et, j’ai l’impression de faire un peu partie de cette génération Y avec peut-être… juste un petit plus d’expérience et de sagesse.
J’invite donc les personnes de ma génération qui ont quelques responsabilités dans la conduite des affaires publiques à tenir grand compte de ces nouvelles sensibilités, faute de quoi, elles pourraient avoir quelques désillusions ou de sérieuses surprises.
Pourquoi alors ne pas concevoir dans un hebdo municipal un espace réservé aux blogs de la ville, animés pour la plupart par ces fameux membres de la génération Y ?
Veritis.