La nuit l’association les Colis du cœur d’Aulnay-sous-Bois aident les SDF

Publié le 12 Janvier 2015

colis-du-coeur-aulnay-sous-bois.jpgL'initiative est partie de la cité de la Rose-des-Vents, à Aulnay. Yazid, un trentenaire employé dans la restauration, organise avec quelques amis et jeunes du quartier des maraudes, ces tournées nocturnes dans les rues parisiennes pour offrir un verre de thé, des couvertures, un peu de nourriture aux sans-abri échoués sur le trottoir. Sa petite association, les Colis du coeur, née il y a un an, connaît une renommée grandissante sur Facebook et dans la ville. Le journal Le Parisien a suivi l'une de ses expéditions nocturnes, la semaine dernière.

23 h 30
Au Cercle Pizza, cité des Etangs, à Aulnay.
 C'est le seul point de lumière dans un quartier plongé dans le noir. Mais le client tardif est éconduit : « On est fermés ! », lance Badre, jeune gérant du Cercle Pizza, ouvert depuis 2010 dans cette cité voisine de la Rose-des-Vents. Les tables ont disparu sous un amas de bouteilles de jus de fruits et d'eau, de paquets de chips, de sandwichs... « Les barquettes de paella, c'est un restaurateur de Sevran qui nous les a apportées », glisse Yazid. Le père des Colis du coeur, c'est lui. Ce grand gaillard, employé de la pizzeria, s'est mis un jour à apporter de la nourriture à des familles dans le besoin. De fil en aiguille, il s'est lancé dans les maraudes nocturnes, auprès des sans-abri en région parisienne. « On aide tout le monde, sans distinction, affirme-t-il. A la maison, avec ma femme, on fait des sandwichs quand on a le temps. Des petits jeunes se sont mis à m'aider, et je reçois des dons tous les jours ! » Badre lui a emboîté le pas, et proposé de stocker les vivres au sous-sol de la pizzeria.

Minuit
Le départ.
 Les sacs, couvertures, vêtements ont été entassés dans le coffre de deux voitures. Les maraudeurs, au nombre de cinq, vont à Paris, « là où les SDF sont les plus nombreux ». Yazid pianote sur son smartphone pour faire défiler les messages de soutien qu'il reçoit. « Jamais je n'ai réclamé d'argent sur Facebook ! », assure-t-il. Mais il a dû ouvrir un compte pour encaisser les chèques des donateurs. Avant Noël, une petite équipe s'est mobilisée au centre commercial O'Parinor pour empaqueter des cadeaux, et récolter de l'argent. La réunion de bilan a vu affluer des élus aulnaysiens de droite et de gauche. Un local a été proposé par la ville. Yazid se dit « apolitique », et assure qu'il ne veut pas de subvention.

1 heure

Rue de la Chapelle, Paris (XVIII e). Deux policiers à moto ont invité l'une des voitures à s'arrêter. La Mercedes blanche leur a-t-elle paru trop clinquante ? Son conducteur, Mohamed, sourire patient et crête gominée, attend que les fonctionnaires vérifient son identité. Najib, 27 ans, a l'oeil sur la montre : « Des SDF vont se demander ce qu'on fait, on est en retard ! » Le jeune homme est de toutes les maraudes : « On m'a aidé un jour, quand j'étais en difficulté. C'est normal que j'aide à mon tour. » Au bout de vingt minutes, le convoi repart.

1 h 30

Rue de la Chapelle. De loin, on ne distingue qu'un amas informe de couvertures plaqué contre le rideau de fer d'une supérette. Mais Yazid et Mohamed (photo ci-dessus à droite) n'hésitent pas une seconde : « C'est l'Allemand ! » Du tissu entortillé sur le sol, une paire d'yeux émerge soudain. Avec un sourire, Mohamed se penche vers lui : « Ça va chef ? Guten tag * ! On t'amène à manger ! » Un bras surgit, attrape le verre de thé chaud. « D'habitude, il a la pêche. Mais pas ce soir... », note Yazid. 

1 h 45
Devant la gare du Nord.
 Le froid semble avoir figé les corps allongés sur le trottoir, sous des duvets élimés. Mais ils s'animent à la vue des visiteurs : « Ah, les Colis du coeur ! » Marc, la quarantaine (photo ci-dessous), affirme être à la rue depuis sept mois : « C'est arrivé après la séparation d'avec ma femme. » Il y a peu, Najib lui a apporté une guitare pour enfants, qu'il a pu offrir à sa fille de 6 ans. « Je suis allé lui apporter, elle était contente ! » Jeff, casquette vissée sur la tête, vient quémander une paire de baskets. « C'est quoi, ta pointure ? Je vais te trouver ça », promet Najib.

2 heures
Boulevard Magenta.
 Ibrahima trône sur son banc, entouré de cabas. Le sexagénaire semble ravi de bavarder un peu. Hakim, 21 ans, étudiant en BTS, lui a servi un peu de thé. Pour le benjamin de l'équipe, c'est la première maraude. « Se retrouver à la rue, ça peut arriver à tout le monde. Si je peux faire quelque chose... », articule-t-il, transi de froid. Yazid approuve : « Les Colis du coeur, c'est aussi une façon de montrer que les jeunes de banlieue se bougent. Ce qu'on ne voit pas souvent à la télé... »

Source article : Le Parisien / Vidéo : Aulnaylibre !

 

 

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #A vos quartiers !

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