La formation à la fibre optique de Bobigny garantit 100 % d’embauche !
Publié le 9 Décembre 2014
Sur le tableau blanc, une série de chiffres et de signes qui, pour le profane, relève plus d'un langage d'un autre monde que d'un enseignement en français. Et pourtant, les 14 élèves qui assistent au cours ce matin-là à Bobigny maîtrisent parfaitement ces données. Ils font partie de la première promotion d'installateur de réseaux câblés et de communication, une formation prodiguée par le Campus des métiers en partenariat avec Orange et le conseil général du 93.
« Bon, nous sommes d'accord, vous savez tous raccorder un câble ? » Gilles Blanc, le formateur, recueille une réponse positive à sa question. Mais il pousse le curseur plus loin. « Rappelez-moi la différence entre le cuivre et la fibre optique ? » Et les élèves ont intérêt à la connaître, la différence, car, dans un an, si tout va bien, ils poseront leurs premiers câbles. Selon la chambre des métiers d'Ajaccio (Corse), où cette formation existe depuis plus d'un an, le taux de conversion en CDI est de... 100 %. Les postes démarrent à 1 400 €, avec une évolution de carrière qui permet de gagner 2 000 € après trois ou quatre ans d'expérience.
Contrairement à certains domaines d'apprentissage où les élèves traînent un peu les pieds, les nouvelles technologies, elles, recueillent un vif succès. « Lorsque nous avons ouvert cette formation, nous avons reçu 100 CV et convoqué 50 personnes, s'enthousiasme Leïla Diri, la directrice du Campus des métiers. Tous sont venus, ce qui est exceptionnel. Nous en avons gardé finalement 14. » La formation dure un an, soit 290 heures en formation et 140 heures en entreprise. Une seule fille fait partie de l'aventure. « Mon père était électricien et j'aimais bien le voir travailler, souligne Amira, 22 ans, pour expliquer son choix. Mais je voulais apprendre des choses nouvelles, et la fibre optique, personne ne connaît vraiment cette technologie. Tout le monde m'a dit que c'était l'avenir des communications. »
Romain, 29 ans, cherchait aussi un secteur porteur. « J'ai abandonné l'école à 12 ans et j'ai enchaîné les petits boulots comme serveur, militaire et brancardier, raconte-t-il. C'est justement à l'hôpital que j'ai vu des bac + 5 pousser des brancards. Je me suis dit qu'il fallait trouver rapidement un boulot solide dans un domaine d'avenir. » Mohammed, 24 ans, est un peu tombé dessus par hasard. « Avec mon bac pro électrotechnique, je me suis rendu dans des forums pour tenter d'avoir des entretiens, détaille-t-il. Je n'ai pas eu grand-chose, alors je me suis inscrit à Pôle emploi qui m'a parlé de cette formation. J'ai trouvé l'enseignement intéressant, mais j'ai aussi bien aimé le coup de pouce financier. »
En effet, non seulement les cours ne leur coûtent rien, mais, cerise sur le gâteau, les élèves gagnent même de l'argent dans le cadre de leur passage en entreprise. Pour Gilles Blanc, le filon n'est pas prêt de s'épuiser. « Le gouvernement prévoit la fin du déploiement de la fibre en 2030. Ça laisse de la marge, sourit-il. Et puis il faudra toujours assurer la maintenance et suivre l'évolution technologique. » Et ce n'est pas Marianne Brunat, déléguée régionale d'Orange, qui dira le contraire. « Ce sont des métiers complexes qui manquent de main-d'œuvre, insiste-t-elle. Orange recrute, traditionnellement, 2 000 apprentis par an sur toute la France. Mais depuis 2013, nous en prenons 1 000 de plus qui se consacrent exclusivement au très haut débit. »
Source : Le Parisien