L’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois à l’arrêt
Publié le 17 Janvier 2013
« Vous allez voir, la seule chose qui tourne ici, ce sont les grévistes! » assurait un ouvrier hier matin, aux portes de l’usine PSA d’Aulnay, dont la fermeture est annoncée pour 2014. Une barrière soulevée à l’entrée du site, et les journalistes ont pu vérifier de leurs yeux l’impact de la mobilisation commencée aux aurores. C’était la première fois, depuis l’annonce de la fermeture de l’usine le 12 juillet dernier, que la presse y pénétrait. En milieu de matinée, ils étaient environ 300 grévistes défilant dans les allées du site. Direction l’atelier de ferrage, première étape de la production des Citroën C 3, puisque c’est là qu’on assemble les pièces de la caisse, la structure des voitures. A l’entrée de la bâtisse, des pétards claquent, propulsant des gerbes d’étincelles sous la haute toiture métallique. « Vous voyez, là? Tous les robots orange sont à l’arrêt », glisse un gréviste, soucieux de prouver que l’usine est bloquée. L’atelier semble désert.
Une quarantaine de voitures produites, selon la direction
En passant, quelques ouvriers appuient sur les klaxons de chariots élévateurs à l’arrêt. « Si c’est pas malheureux de fermer une usine moderne comme celle-là », soupire un ouvrier. Un autre peste contre François Hollande : « Il peut pas trouver de l’argent pour nous? Il en a bien trouvé pour la guerre au Mali… » « J’en ai ras le bol, de cette incertitude. Ça dure depuis des mois », glisse un jeune moniteur du plateau de retouche. La totalité de son service (24 personnes) a débrayé : « Et pourtant, on n’est pas habitués à faire grève! »
Le cortège passe la porte de l’immense atelier de montage, qui n’abrite depuis 2008 qu’une seule ligne d’assemblage. Elle démarre mollement à l’approche des manifestants, puis s’arrête rapidement. A bonne distance, des membres de l’encadrement les observent. Quelques salariés non grévistes sont assis. Une discussion animée s’engage. « N’embêtez pas ceux qui ne veulent pas suivre », s’exclame une déléguée du SIA (Syndicat indépendant de l’automobile). L’assemblée générale démarre. Les délégués CGT, CFDT, SUD, SIA se succèdent au micro devant 200 personnes. On vote à main levée la constitution d’un comité de grève, et l’occupation de l’usine. Certains syndicats sont absents, comme FO, qui décidera demain de sa position. Jean-Pierre Mercier, de la CGT, annonçait hier la création d’une caisse de grève, et en appelait à la « solidarité ouvrière dans le département ».
Le mouvement pourrait se poursuivre aujourd’hui alors qu’une nouvelle séance de négociations est prévue au siège du constructeur, à Paris. Selon la direction, 220 salariés ont débrayé hier matin (sur 1800 présents) et autant l’après-midi. La CGT évoque 500 à 600 grévistes. Les chiffres semblent modestes au regard des 3000 salariés du site. Mais hier, vers 17 heures, PSA dénombrait une quarantaine de voitures produites contre 300 à 400 habituellement. L’absentéisme aurait été plus important que d’habitude, souligne la direction, qui a évoqué des « points d’entrave », bloquant la production.
Source article : Le Parisien / Vidéo : France Télévisions