L’adjoint au maire d’Aulnay-sous-Bois Benjamin Giami signe une tribune dans l’Express sur l’orientation universitaire
Publié le 13 Octobre 2014
L'épanouissement intellectuel de tout un pays, son rayonnement, son enrichissement moral, politique et culturel, passe avant tout par le travail de ses universités. Poumon intellectuel, moteur économique, l'Université est le lieu-clé de la production des connaissances, de leur diffusion, et de l'insertion professionnelle de ses étudiants. Mais que fait l'Université française quand seulement 20% de nos étudiants en première année décrochent un Master, engendrant ressentiment, mal-être et perte de confiance pour nos jeunes et leur entourage, et de surcroît un gouffre financier pour la collectivité?
On enchaine les rapports comme on enfile les perles.
Pour quels résultats? Au mieux une stagnation dans les classements internationaux? Un volume croissant d'étudiants diplômés - mais quelle valeur ont leurs diplômes? Des enseignants-chercheurs dont le salaire horaire se rapproche lentement mais sûrement de celui du SMIC? Qu'on ne s'y trompe pas, ce n'est pas le niveau de nos étudiants qui est à dénoncer, mais une absence édifiante d'orientation et d'aide personnalisées! Leur potentiel est sous-exploité. Cela représente non seulement un gâchis pour notre société mais surtout un gâchis humain. Quand un gouvernement méprise la méritocratie et l'excellence au point de supprimer la bourse au mérite, quel message envoie-t-on à nos jeunes diplômés?
La seule politique qui ferait sens serait donc celle du volume et de la massification?
Et pourtant l'Etat investit sur ses étudiants. En moyenne, ce sont 11 600€ par an et par étudiant qui sont dépensés. Est-il normal qu'un individu perde une à deux années d'études en faculté avant de se réorienter ou même d'abandonner? Est-il normal que l'Etat gaspille autant d'argent dans un contexte économique des plus difficiles? Est-il logique qu'un jeune bachelier suive des études de psychologie, de droit ou de gestion sans en avoir fait au lycée et sans s'être renseigné sur les tenants et aboutissants de la discipline choisie? Tentons même d'aller plus loin: est-il logique qu'un bachelier sans mention soit accepté dans une université prestigieuse parce qu'il est sectorisé, tandis qu'un bachelier mention "Très Bien" en serait exclu du fait d'une absence de sectorisation?
Il est temps de revenir à nos fondamentaux, qui relèvent avant tout du bon sens.
Tout d'abord, une politique publique de l'orientation doit voir le jour. Et dès maintenant! Expérimentons la "démonstration d'intérêt" où tout postulant à telle filière devra rédiger une note d'intérêt pour la matière (les raisons de son choix, l'orientation professionnelle qu'il envisage...). Donnons à l'Education Nationale la possibilité de rémunérer des enseignants du supérieur pour assurer dans les lycées dix à vingt heures de présentation des matières et débouchés professionnels. Même chose avec des professionnels du monde de l'entreprise. On ne peut se permettre de laisser couler nos étudiants en faculté!
La licence doit être réorganisée. La réussite des classes préparatoires, auxquelles le gouvernement s'attaque, et depuis quelques années le succès des IUT/IUP, montrent qu'un grand nombre d'étudiants ne souhaite pas une spécialisation trop précoce, préférant se laisser 2 ou 3 années de réflexion avant d'effectuer un choix concret et difficilement réversible dans leurs études.
Répondons à leurs demandes! Fluidifions l'université et créons des Majeures et des Mineures. Plutôt que de s'orienter définitivement dès la première année, l'étudiant devrait choisir un domaine d'étude majeur, et un autre mineur, sur des périodes de 6 mois. Il pourra se réorienter plus aisément et ainsi éviter de perdre plusieurs années d'études.
Ces dernières années, ce modèle a d'ailleurs permis à l'Angleterre et aux Etats-Unis de stopper la diminution d'étudiants en master scientifique, domaine actuellement déserté en France.
Cessons d'instaurer une défiance réciproque entre étudiants et entreprises. Le Premier Ministre a récemment déclaré "aimer les entreprises" : il a ici l'occasion de le prouver! La revalorisation du diplôme et de nos étudiants est une étape nécessaire mais pas suffisante. Notre responsabilité est de professionnaliser davantage nos étudiants en valorisant les entreprises auprès des universités, sous la forme de partenariats. Les stages en entreprise, voire l'apprentissage, doivent devenir obligatoires dans le cadre d'une scolarité en Master. Il est impératif de briser des tabous trop communément répandus: les entreprises sont intéressées par des profils différents, notamment des étudiants en sciences humaines. En Grande-Bretagne, les firmes privilégieront rarement un jeune diplômé dans une discipline en lien avec la profession, mais davantage un étudiant qui aura obtenu d'excellents résultats dans le supérieur et qui aura démontré sa pleine capacité à réussir dans n'importe quel domaine.
Les moyens existent. Les talents sont là. Faisons confiance à nos universités, à leurs Présidents et à nos enseignants. N'égarons pas nos étudiants.
Mobilisons-nous pour leur permettre d'attirer et de déployer les moyens humains et financiers afin de devenir les véritables concurrentes des plus grandes universités mondiales.
Il est urgent de faire respirer nos universités!
Pour le collectif "Une droite d'avance" (proche de l'UMP)
Louis-Nicolas DOUMET
Chargé du développement d'une Communauté d'Universités
Benjamin GIAMI
Adjoint au Maire d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis)
Maître de conférences dans l'enseignement supérieur
Adeline HUBERT
Adjointe au Maire de Longjumeau (Essonne)
Julia SERENI
Collaboratrice parlementaire
Aurore BERGE
Conseillère politique de l'UMP
Chef de file de l'opposition à Magny-les-Hameaux et conseillère communautaire (Yvelines)
Source : http://www.lexpress.fr/