Jusqu’à quand ?
Publié le 9 Avril 2013
Jusqu’à quand pourra-t-il tenir ? Telle est la question qui se pose désormais à F.Hollande.
Celui qui n’aime pas trancher dans le vif, et qui pense bien volontiers qu’il n’y a pas de problème dont l’absence de solution ne finisse par venir à bout, est-il prêt à opérer ce grand saut dans l’inconnu, dont il répugne pourtant à se résoudre. A savoir, nommer un gouvernement resserré sur la base d’une nouvelle politique en prise sur les réalités d’une société ouverte qui ne se plie pas aux dogmes d’un autre âge.
Mais est-il véritablement maître du temps qu’il semble vouloir s’accorder ? A la lumière des affaires récentes, on peut légitimement en douter.
Faudra-t-il de nouvelles révélations pour qu’il se décide enfin à agir et tirer les conséquences d’un début de mandat si décevant que sa côte de popularité a plongé, en très peu de temps, dans des abimes inconnus jusqu’alors.
Un Premier ministre en manque de charisme et d’autorité. Un gouvernement tirant à hue et à dia, ballotté par les événements, inaudible hormis dans les cacophonies à répétition, et inexpérimenté, à de rares exceptions près. Que lui faut-il de plus ? Des députés, notamment les plus jeunes d’entre eux, qui, de retour de leurs circonscriptions, commencent à tirer la sonnette d’alarme ? Encore faudrait-il que le Président « normal » prenne l’exacte mesure de la situation et assume pour lui-même l’éthique de responsabilité si chère à Max Weber.
Qu’il accepte aussi d’être bousculé dans ses certitudes dont il mesure encore mal les pesanteurs et leur caractère désuet. Oubliant les leçons du véritable Marx, pour lequel il ne peut y avoir d’évolution des « rapports de production » sur l’affaiblissement des « forces productives », il a cru, en effet, que ses incantations pouvaient lui servir de viatique. Normal, me direz-vous, de la part de quelqu’un qui a toujours fait carrière dans la fonction publique et qui ignore à peu près tout de la sphère productive réelle et de ce que sont les usines, les entreprises, leurs actionnaires, leurs salariés et leurs clients.
Peut-être, mais il n’est jamais trop tard pour apprendre et s’apercevoir que l’on s’est trompé. A l’heure, où, lors de sa dernière intervention télévisée, il s’affirme comme le Président de tous les français, ne pourrait-il pas, enfin, en tirer les conséquences en appliquant les méthodes d’un « manageur » moderne, rassemblant toutes les forces du pays au service d’un véritable redressement en actes et non plus seulement en paroles. Nul doute que s’il avait été, à la tête d’une entreprise privée, sur la vue de son bilan, il aurait été, aujourd’hui, remercié et renvoyé à ses chères études.
A ce jour donc, sauf à ce qu’il envisage de remettre, lui-même, son mandat en jeu, ce qui est assurément très improbable, il ne lui reste plus qu’à appliquer, enfin, ce qu’il avait promis lors de son élection, à savoir nommer un véritable Premier ministre chargé de diriger un gouvernement et conduire la politique de la nation, conformément aux institutions de la V° République. Avec si possible, à sa tête et en son sein, des gens dont l’intégrité et la compétence sont reconnues. Capables de diriger des équipes. Capables de tenir un cap. Capables de restaurer la confiance. Capables d’entraîner les citoyens dans un juste effort dont ils verront rapidement les fruits. Pas forcément issus des milieux politiques traditionnels. Jusqu’à présent, en manque criant de vision et d’autorité saura-t-il profiter des difficultés actuelles pour mieux rebondir ? Ceux que certains appelaient « culbuto » en raison de sa capacité à surfer sur l’événement saura-t-il saisir sa chance et reprendre la main ? Mais, à la lumière de la gestion de son premier gouvernement, n’est-ce pas trop lui demander ?
Nous verrons bien. Qui prend les paris ?
Veritis