France : les terres agricoles perdent du terrain...

Publié le 10 Mars 2010

Je relaie ici un petit article qui parle d'urbanisation, de terres agricoles et d'indépendance alimentaire. Il ne m'en fallait pas plus pour me replonger dans le Soylent Green (Soleil Vert) de Richard Fleischer sorti en 1973... Un film qui parle d'urbanisation galopante, de surpopulation, de goût et de nature, et qu'évidemment je recommande chaudement. Je n'ai pas pu vérifier l'info, mais il se murmure dans les milieux autorisés que ce long métrage était prévu à la programmation samedi soir sur France 3 mais qu'un candidat PS aurait fait pression pour décaler sa diffusion. En effet, une des scènes bouleversantes du film, où Sol Roth se meurt en visionnant des images de la nature perdue, aurait été jugée trop subversive pour une veille d'élection régionale !

Stéphane Fleury.

 

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C'est la rupture d'une tendance historique de plus d'un siècle : en 2008, la forêt a cessé de gagner du terrain en France, après une progression continue pendant plus de 150 ans. Ce tournant majeur dans l'occupation du territoire a été observé par les statisticiens du ministère de l'Agriculture, dont l'enquête sur l'utilisation du territoire a été publiée fin 2009. Menée chaque année depuis les années 1960, l'enquête observe l'occupation des terrains sur plus de 300 000 points du territoire. En 2008, il est apparu que les sols boisés reculaient (16,946 millions d'hectares) par rapport au relevé précédent (16,974 millions d'hectares).

 

Ce tournant s'inscrit dans un phénomène général et continu de conversion des terres agricoles vers d'autres usages. Jusqu'à présent, ce mouvement s'opérait en partie par boisement, en partie par urbanisation. C'est maintenant l'urbanisation, ou "artificialisation des sols", qui absorbe les terres agricoles abandonnées. Les chiffres montrent aussi que l'urbanisation des sols s'accélère : de 54 000 hectares par an dans la décennie 1982-1992 à 74 000 hectares par an sur les années 2006-2008. Ce rythme dépasse largement la croissance de la population.


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Tous les dix ans c'est l'équivalent d'un département qui est absorbé par l'artificialisation. Le danger est réel. " Le gaspillage des terres agricoles continue inexorablement " écrit André Thévenot, président de la fédération des Sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural (Safer). L'étalement urbain ne cesse de s'amplifier au détriment des espaces agricoles, forestiers et naturels périurbains, au risque de perturber les équilibres écologiques et territoriaux".

 

Un spécialiste du cabinet d'études Solagro, Philippe Pointereau, s'inquiète même pour l'autonomie du pays : " au rythme actuel de pertes des terres agricoles, la France pourrait devenir franchement importatrice de denrées agricoles en 2050 et perdre son indépendance alimentaire ".

 

La cause essentielle du gaspillage de l'espace est le décalage entre le revenu agricole et le prix du foncier : il est toujours plus intéressant de vendre une terre à la construction que de la conserver en culture. Ainsi, le prix national des terres et prés libres était d'environ 5 170 euros l'hectare en 2008, selon les Safer. Mais si le terrain devient constructible, sa valeur est d'un coup multipliée par quatorze dans la Creuse, par cinquante dans la région toulousaine et même par... trois cents en région parisienne.

Quelles solutions envisager ? Des offices fonciers achetant les terres pour la collectivité ? Ou un zonage pérenne et généralisé des terres agricoles ? Quoi qu'il en soit, le facteur-clé sera une volonté politique de maîtriser cette surconsommation d'espace. Les élus locaux sont toujours tentés d'urbaniser, ce qui génère de nouvelles recettes fiscales...

Source : Hervé Kempf et Clèment Lacombe, Le Monde pour Directmatin plus. 2 Mars 2010.

Rédigé par Stéphane Fleury

Publié dans #Environnement

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