Filmer la banlieue sous un autre angle.

Publié le 18 Mars 2010

banlieue1Inutile de lui demander, une énième fois, comment réussir en banlieue ? Laurence Lascary répondrait comme à l'accoutumée : "On se prend par la main et on essaye de faire quelque chose, comme tout le monde". Pourtant, Laurence Lascary n'est pas comme tout le monde. A 29 ans, elle vient de recevoir un deuxième prix qui consacre sa petite entreprise, une société de production audiovisuelle baptisée De l'autre côté du périph'. Le premier, elle l'a reçu en novembre 2008 des mains de Fadela Amara, lui décernant le Grand Prix "Talents des Cités". Quant au deuxième prix, "Envie d'Agir", -décerné sous la tutelle du Haut Commissaire à la Jeunesse de Martin Hirsch-, il récompense l'entrepreneuriat social.

Avec aujourd'hui trois employés, De l'autre côté du périph', fondée début 2008 et implantée à Montreuil (93), veut mettre en avant dans ses productions audiovisuelles "les populations sous ou mal représentées à l'écran". Le fil conducteur de cette société de production est celui du film éponyme de Bertrand et Nils Tavernier, sorti en 1998, dans lequel père et fils ont suivi pendant trois mois la vie d'un quartier, en l'occurrence celui des Grands Pêchers, à Montreuil (93). "C'était la première fois, confie Laurence Lascary, qu'un documentaire prenait ancrage dans une ville de banlieue, de façon dépassionnée et sans donner les archétypes habituels...".

Laurence Lascary souhaite "normaliser la banlieue" et ceux qui y vivent en "racontant des histoires". camera.jpgPour cela, elle s'est entourée de jeunes réalisateurs, majoritairement issus de ces quartiers. Elle soutient aussi actuellement le court-métrage d'un jeune réalisateur de Stains (93), Cédric Ido. Afin de trouver les financements pour ce court-métrage intitulé Les Sabres, Laurence Lascary a voulu associer les internautes à la production, en créant un blog de "production participative", où internautes et entreprises pourront soutenir financièrement le projet. "Si je devais seulement compter sur le CNC [Centre National du Cinéma et de l'image animée] et sur les aides publiques, je ne suis pas certaine que mes projets seraient soutenus... Parce que le danger en banlieue est d'être enfermé dans l'amateurisme, il est important d'avoir une vraie démarche professionnelle", explique celle qui amène à leur terme tous les projets qui lui tiennent à coeur.

Récemment, elle a réalisé, en partenariat avec l'association Les Indivisibles, une série animée intitulée : Etoitékoi. Elle montre des personnages victimes de préjugées ethno-raciaux. Ce projet, de 26 épisodes dans un premier temps, est destiné aux télévisions. Pour Rokhaya Diallo, présidente des Indivisibles, "l'idée n'est pas de faire une série sur le racisme, mais une série humoristique dans laquelle on pourra traiter les questions liées au racisme avec humour !".

Les Indivisibles, association créée en 2007, se sont rendus célèbres l'année dernière en organisant une cérémonie parodiant les Césars. Les "Y'a bon awards" sont des trophées en peaux de bananes décernés aux personnalités médiatiques s'étant distinguées par des propos "ethno-racistes".

Source : Adrien Chauvin in Le Monde pour directmatinplus. 26/02/2010.

Rédigé par Stéphane Fleury

Publié dans #Culture

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