En route vers 2012 (9) : Comment voyez-vous l'année 2012 ? Notre modèle économique n'est plus tenable

Publié le 29 Décembre 2011

2012Comment voyez-vous l'année 2012 ? C'est ce que le journal Ouest-France a demandé à Philippe Dessertine, professeur à l'université Bordeaux IV, auteur de La décompression (éditions Anne Carrière )  et économiste de renom. De son point de vue, notre modèle économique n'est plus tenable.

A la veille de 2012, quelles sont les perspectives pour l'économie française ?

Le tunnel est très sombre. Il n'y a plus de confiance. C'est d'abord une crise de la finance. L'excès de dettes, européenne ou américaine, fragilise l'ensemble du système. Cette crise de liquidités et de confiance agit aussi bien sur les dettes souveraines, celles des Etats, que sur les banques. Nous allons vers une pénurie de crédit. Pour le premier semestre 2012, nous sommes en récession, et après, c'est un grand point d'interrogation...

Vous êtes très pessimiste. Iriez-vous jusqu'à craindre un embrasement géopolitique ?

On ne sait pas... Le redémarrage pourrait venir par les pays émergents, mais leur situation est aussi très inquiétante. La Chine est confrontée à la baisse du yuan, les tensions sont très graves en Russie. Un arc de tous les dangers se dessine d'Israël à la Corée, en suivant l'Iran, le Pakistan, l'Inde et la Chine. Plus que jamais, je redoute des dérives extrêmes...

Pour vous, l'égoïsme occidental est seul responsable de la crise ?

Nous autres Occidentaux, nous avons créé cette crise de toutes pièces en inventant chaque année les nécessités d'une consommation effrénée et irréaliste. Cet égoïsme se manifeste encore aujourd'hui quand les gouvernants proposent comme solution la monétisation de la dette ou l'intervention de la banque centrale européenne (BCE). En urgence, il n'y pas le choix, mais c'est encore une solution de puissance coloniale. Notre modèle n'est plus tenable, il déséquilibre la planète et peut même avoir des conséquences tragiques pour le monde...

Est-il encore temps de réagir ?

Il y a des défis énormes à relever en Europe dans les semaines qui viennent. Au pied du mur, l'Europe va devoir avancer très vite dans sa construction. On ne peut pas faire autrement que d'avoir des plans de rigueur drastiques, la France en premier lieu. Il faut se remettre au pas... C'est ce qu'on a imposé aux Grecs, aux Irlandais, aux Portugais... Il n'y a pas le choix, cela va se produire en 2012 et bien avant l'élection présidentielle. A ce jour, les problèmes n'ont pas été traités.

Que proposez-vous ?

La France a besoin d'un électrochoc pour inventer de nouveaux modèles. Les Allemands sont très en avance sur nous grâce à la réunification qui les a obligés à repenser leur système. En France, les réformes doivent être beaucoup plus radicales : on ne peut avoir la retraire à 60 ans et la Sécurité sociale. Il faut retrouver la valeur et le goût du travail : compter sur les entreprises, et non sur l'Etat, pour créer les richesses et les emplois. La consommation ne peut être que la conséquence de la production. Il y a un espoir... même sans illusion. Les dix ans à venir vont être cruciaux.

Source : Frédérique Jourdaa. Ouest-France du mercredi 28 décembre 2011

Rédigé par Aulnaylibre !

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