En route vers 2012 (10) : Comment voyez-vous l'année 2012 ? Evitons toute dramatisation

Publié le 30 Décembre 2011

2012Fin aujourd'hui de la série "comment voyez-vous l'année 2012 ?" publiée par le journal Ouest-France. Pour terminer, le quotidien a interrogé Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des Economistes, conseiller de la compagnie financière Edmond de Rothschild et économiste de renom. De son point de vue, il faut éviter toute dramatisation pour l'année qui vient...

En 2012, allons-nous vers une crise économique majeure ?

Le ralentissement aura lieu. On fera 0 % de croissance en France, pas beaucoup mieux en Allemagne. Mais évitons toute dramatisation excessive et trouvons des solutions. Au début des années 2000, les pays de l'OCDE ont transféré trop rapidement le travail non qualifié vers les pays émergents en pensant conserver uniquement le qualifié, l'intelligent. Une erreur. Il nous faut réinventer notre propre modèle de croissance équilibré, penser comme Henri Ford : "Un ouvrier bien payé est un excellent client". C'est l'économie réelle qui domine le monde, pas l'économie financière.

Aujourd'hui ce serait plutôt l'inverse...

Le spectre de la récession cache la réalité sur une société très solide et assez inégalitaire... Dans les pays de l'OCDE, la mondialisation  a fait 30 à 40 % de victimes économiques. En France, 5e puissance du monde, 13 % de gens vivent en dessous du seuil de pauvreté. En reciblant efficacement les 50 milliards alloués aux aides sociales, nous pouvons protéger les revenus les plus fragiles et éviter une crise sociale majeure. Mais qu'allons-nous produire dans les dix années qui viennent et comment trouver du boulot à tous ceux qui en cherchent ? Il faut aider les PME et PMI innovantes à créer des emplois.

Où trouverez-vous l'argent ?

Arrêtons le misérabilisme et regardons la France telle qu'elle est ! C'est une société riche. Le patrimoine moyen d'un ménage c'est 300 000 euros. Les Français épargnent chaque année 300 milliards d'euros, parfois mal utilisés. Pour investir dans l'avenir, nous avons besoin de 30 milliards par an. Pour les trouver, il faut oser réformer la fiscalité, notamment en accélérant les transferts intergénérationnels.

Qu'entendez-vous par là ?

Aujourd'hui, les 20 % de Français de plus de 60 ans concentrent près de 20 % du Produit Intérieur Brut (PIB), le revenu produit par les actifs. Dans dix ans, ils seront plus de 30 % et pourraient envisager d'en avoir encore davantage ?  C'est intenable. Ma génération a très bien vécu. Nous devons transférer aux jeunes une partie des richesses, leur garantir l'accès au logement, les rémunérer correctement, leur offrir des contrats de travail à durée illimitée, assortis de période d'essai bien sûr. Nous devons aussi repousser l'âge du départ à la retraite en inventant d'autres modes de travail, y compris la formation continue. Et si nous perdons 10 % de nos revenus, ce ne sera pas la fin du monde.

Ne professez-vous pas une utopie ?

L'optimisme suppose beaucoup de rigueur, de subtilité économique. Pour les vingt ans à venir, une société jeune et dynamique ne demande qu'à naître en France.  L'angoisse de l'Allemagne c'est qu'elle va perdre 14 millions d'habitants en 20 ans. Cela correspond à  20 000 personnes de moins en net chaque année sur le marché du travail. En France, la démographie prévoit que nous aurons 150 000 personnes en plus en net chaque année. C'est une chance énorme. En France en 2011, 600 000 entrepreneurs ont créé leur boite. Si je produis, j'existe. Retrouvons le goût d'être heureux et créatif.

Source : Frédérique Jourdaa. Ouest-France du jeudi 29 décembre 2011

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #En route vers 2012 !

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