Des jeunes du 93 en difficulté apprennent la discipline dans l’Oise
Publié le 14 Août 2014
Impossible de les manquer. Depuis lundi, 21 jeunes en treillis s'activent dans les rues d'Avricourt, un petit village de l'Oise. Entre l'entretien des espaces verts, la rénovation de l'église, des murs du cimetière ou encore d'une salle de classe, les va-et-vient sont incessants. Autant de tâches effectuées bénévolement, sous la coupe de l'association Laissez-les servir. « Nous sommes basés à Rosny-sous-Bois, explique son fondateur, Nourouddine Abdoulhoussen. Mais nous rayonnons dans toute l'Ile-de-France. »
Ainsi sont réunis dans cette commune de moins de 300 habitants des jeunes originaires de Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne, du Val-d'Oise, des Yvelines mais aussi de Paris. Tous en situation professionnelle ou scolaire plus que compliquée. L'objectif de ce séjour qui prend fin demain est de les remettre sur le droit chemin grâce à un encadrement militaire que connaît bien Nourouddine Abdoulhoussen, capitaine de réserve. D'où les tenues. Ainsi que le lever de drapeau quotidien et « la Marseillaise »...
Agés de 17 à 25 ans, certains sont venus de leur propre chef. Comme Gaëlle Jean-Louis, de La Courneuve. « Je veux m'engager dans l'armée pour rendre à la France ce qu'elle m'a apporté. Mais, avant cela, je désirais avoir une première expérience du même genre. » D'autres, en revanche, n'ont pas eu le choix. « Ma mère m'a mis devant le fait accompli. Elle voulait que je goûte à ce mode de vie pour son côté très strict. Je n'étais pas partant au départ. Mais je ne le regrette pas », sourit avec le recul Warren Doutau, de Guyancourt (Yvelines). Pas de regrets, car la méthode semble fonctionner. « On commence par leur apprendre des choses simples, comme le respect ou l'histoire, détaille Nourouddine Abdoulhoussen. Des choses qu'ils n'ont pas forcément apprises en banlieue. Et c'est bien plus facile de le faire dans un cadre comme celui-ci. Comment voulez-vous arriver en bas des escaliers, à Bondy par exemple, et leur imposer de telles règles ? »
Convaincu par le projet, le maire d'Avricourt a donc répondu favorablement à la demande de l'association de mettre à disposition la salle des fêtes pour que le groupe y établisse son camp en échange des travaux effectués dans sa commune. « Je ne savais même pas quoi leur demander en retour, sourit Roger Parzyut. Mais j'ai trouvé le projet trop pertinent pour refuser. » Ce ne sont pas Yannick et Anis de Tremblay qui le contrediront. Tous deux fréquentent depuis six ans l'association. « Nous avons eu de sérieux problèmes avec la justice, pour des violences notamment. Le capitaine nous a sortis de là. Et, grâce à ces séjours, aux règles qui y sont imposées, nous avons appris à nous cadrer, à maîtriser notre colère. Désormais, nous allons passer notre Bafa (NDLR : brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur) pour, à notre tour, devenir encadrants. » Le plus beau signe de reconnaissance aux yeux de Nourouddine Abdoulhoussen.
Source : Le Parisien