De nouvelles armes pour lutter contre les discriminations des banlieues

Publié le 14 Janvier 2014

banlieue-32267.jpgProjet de loi examiné aujourd’hui, test du CV anonyme en Essonne, partenariat avec un cabinet de recrutement spécialisé en Seine-Saint-Denis… La lutte contre les préjugés s’intensifie.

C’est un chèque refusé parce que vous habitez à Mantes-la-Jolie (Yvelines). Un recruteur qui sursaute quand il découvre que vous résidez à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis)… Les préjugés liés à l’adresse existent, c’est ce que démontrait en juin 2013 une étude de l’Onzus, comparant les chances d’être embauché selon qu’on habite dans un quartier aisé ou réputé « difficile ».  

Des quartiers entiers s’estiment maltraités

Pendant longtemps, la parade face à cette forme particulière de discrimination, consistait fréquemment à trafiquer son CV… Mais les associations et politiques s’emparent du sujet. Hier, à Bobigny, le conseil général (PS) de Seine-Saint-Denis signait une convention avec Mozaïk RH, cabinet de recrutement spécialisé dans la diversité. L’objectif : convaincre les entreprises d’embaucher les jeunes diplômés du 93. Le département de l’Essonne expérimente depuis une semaine et jusqu’à fin juin le CV anonyme, d’où disparaissent nom, prénom, civilité, date et lieu de naissance, lieu de résidence, nationalité…

Le législateur entreprend aussi de changer la donne. Le projet de loi pour la ville, adopté à l’Assemblée fin novembre doit être débattu au Sénat aujourd’hui. Il ferait de l’adresse le 20e critère de discrimination passible de poursuites au même titre que l’âge, l’apparence physique, l’origine, la religion…

Ces mesures seront-elles efficaces? Faut-il sanctionner ou sensibiliser les recruteurs? Les avis divergent, mais le débat a mis en lumière la situation de certaines zones dites « sensibles », que les livreurs évitent, où il est plus difficile d’obtenir un crédit…

Parfois, c’est toute une ville qui estime être ainsi maltraitée : en 2009, le maire (PC) de La Courneuve (Seine-Saint-Denis), Gilles Poux, avait été le premier à saisir la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) pour « discrimination territoriale », en termes d’emploi et d’accès aux services publics. La Halde lui avait donné raison, ouvrant la voie à une inscription dans la loi. Bien entendu, « comme toutes les autres formes de discrimination, celle-ci ne disparaîtra pas du jour au lendemain », reconnaît le député PS Daniel Goldberg, auteur de l’amendement sur ce point. Près de dix ans après le lancement de la charte de la diversité en France, qui incitait les entreprises à faire un effort en la matière, les préjugés s’accrochent.

Source : Le Parisien

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #93 Infos

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