De Montreuil à Paris une centaine de personnes manifestent contre l’excision
Publié le 25 Novembre 2013
Entre 100 et 150 personnes ont défilé, hier après-midi, à Montreuil, contre l’excision. Le cortège est parti de la place de la mairie et s’est dirigé vers la place de la Nation à Paris. Si cette pratique, une mutilation génitale qui consiste à couper le clitoris et parfois les petites lèvres d’un bébé, d’une fillette ou d’une jeune femme, est interdite en France depuis longtemps, ce n’est pas le cas dans certains pays d’Afrique et notamment au Mali. Chaque année, près de 3 millions de fillettes sont excisées dans le monde. En France, un tel acte est passible de la cour d’assises. Mais pas en Afrique où le poids de la tradition est bien ancré. En mars dernier, l’association Marche en Corps a organisé une marche en Bretagne, entre Quimperlé et Angers, deux villes jumelées à des communes maliennes. Les 1700 participants ont parcouru 456 km en 1 mois. L’opération d’hier est donc l’étape suivante.
« Le but est de montrer aux femmes qui vivent au Mali que des gens se mobilisent afin qu’elles ne subissent pas l’excision, détaille Keita Koudedia, présidente de l’association. Nous voulons aussi responsabiliser les parents car il n’est pas rare que des fillettes vivant en France subissent cette pratique lorsqu’elles sont en vacances là-bas ». Le choix de Montreuil n’est pas anodin. « Ici, on surnomme la ville Bamako sur Seine car c’est la commune qui abrite le plus de Maliens après Bamako, poursuit-elle. Le message est donc très fort ».Plus globalement, cette manifestation a aussi pour objectif de dénoncer les violences faites aux femmes puisque l’initiative a lieu la veille de la Journée Internationale consacrée à ce sujet. « Que l’on soit noire, blanche, indienne, asiatique, la douleur est la même pour tout le monde, détaille Véronique Sacré, l’ancienne présidente de Marche en Corps. C’est pourquoi notre mobilisation est importante. Elle montre qu’on peut combattre des traditions millénaires à condition de le vouloir. Et surtout nous voulons affirmer que la question de l’excision ne concerne pas que le Mali ». Les organisateurs ont cherché à impliquer tout le monde et c’est pourquoi de nombreux hommes se sont joints au cortège.
La prochaine étape sera probablement la plus compliquée, selon les organisateurs. Ces derniers prévoient en effet de faire une marche au Mali en 2014. « Mais la-bas, les gens ont peur car le poids de la collectivité prévaut sur celui de l’individu, déplore Keita Koudedia. Les usages transmis par les ancêtres ne peuvent pas être remis en cause impunément. Même dans les pays qui pénalisent l’acte officiellement ». Les deux femmes estiment néanmoins que l’excision a quasiment été éradiquée en France grâce, notamment, aux actions de sensibilisation menées par l’ensemble d’associations auprès des parents. Reste donc à faire la même chose dans les pays africains.
Source : Le Parisien