D'Aulnay-sous-Bois à Montreuil, histoires de PLU
Publié le 4 Avril 2011
Le Plan Local d'Urbanisme (PLU) continue d'être sous les feux de la rampe à Aulnay-sous-Bois. C'est aussi vrai ailleurs, notamment à Montreuil qui a adopté samedi son premier PLU. Vous verrez en lisant les lignes ci-dessous que le débat sur la ville de demain n'est pas simple. Entre construction de logements et bétonnage, surdensification et financement des équipements publics, les inconnues de l'équation qui mène vers les 150 000 habitants à Montreuil (103 002 actuellement) ou les 100 000 à Aulnay-sous-Bois (82 776 pour le moment) n'est pas simple. L'ancien maire de Montreuil, apparenté PCF, appelle même les associations à déposer des recours contre chaque projet...
Stéphane Fleury
Montreuil entend répondre à la crise du logement en construisant. Samedi, au terme de plus de trois ans de procédures et après une longue concertation, le conseil municipal a adopté dans le calme et sans véritable anicroche son premier plan local d'urbanisme (PLU). Il a été approuvé par les 31 élus de la majorité (Verts) et les 10 du Renouveau socialiste (ceux qui ont rompu avec la majorité il y a un an). Les 3 élus du groupe socialiste se sont abstenus. Les 9 autres (groupe communiste, Gauche citoyenne - Parti de gauche et non inscrits) ont voté contre.
Concrètement, 3 500 logements seront construits d'ici à la fin du mandat, en 2014, en particulier sur des friches industrielles gelées depuis des années. Le PLU supprime en effet la règle d'antériorité qui interdisait jusque-là de produire des logements là où préexistait de l'activité économique. "Ironie de l'histoire, cela a permis la boboïsation de la ville, a commenté samedi, acide, la maire (Verts) Dominique Voynet. A cause de cette règle, le Bas-Montreuil a vu se multiplier les friches industrielles qui ont accueilli des Parisiens. Ces derniers ont transformé, souvent en marge de la législation, ces vieux locaux d'activité en logements de fait. Sur ce foncier si rare, il y a maintenant des lofts superbes là où il aurait pu y avoir des dizaines de logements sociaux..."
Comme toujours, la politique menée dans le Bas-Montreuil a donc samedi été sujet à polémique. "Au nom de la mixité, le PLU autorise des terrains industriels à recevoir du logement", persifle l'ancien maire (app. PC) Jean-Pierre Brard, qui a logiquement voté contre."Très bien, mais l'activité rapporte de l'argent. Demain, il y aura plus de monde, ce qui signifie plus d'écoles, plus d'équipements publics... Qui va payer ? Une école c'est 15 à 20 millions d'euros. Or la capacité d'emprunt de la ville est de 30 millions par an".
"Ces grands groupes n'ont pas créé d'emplois à Montreuil et n'ont rien apporté au commerce de proximité", rétorque Dominique Voynet, qui rappelle par ailleurs qu'" il y a 150 000 m² de bureaux vides à Montreuil". Pour que ces futurs logements bénéficient aux Montreuillois en priorité, et notamment aux 6 000 familles mal logées, le PLU prévoit de conserver le taux actuel de près de 40 % de logements sociaux. Il intègre également des dispositifs de lutte contre la spéculation foncière et impose des contraintes aux promoteurs sur les prix de sortie des logements neufs.
Pour Jean-Pierre Brard - qui durant son mandat a toujours voulu limiter l'accroissement de la population - "il n'en reste pas moins que ce PLU ouvre la porte à la bétonisation de la ville. Demain il y aura des immeubles de 3 ou 4 étages en pleine zone pavillonnaire. Il y aura une surdensification de la ville qui risque d'atteindre les 150 000 habitants, proteste-t-il. J'appelle donc toutes les associations à déposer des recours sur chaque projet. Et, en 2014, la nouvelle municipalité devra geler le PLU."
Source : Nathalie Perrier. Le Parisien du 04/04/2011