Coup de filet anti-drogue à la Capsulerie à Bagnolet
Publié le 12 Février 2014
Après un an d’enquête, la sûreté territoriale a interpellé six personnes dans ce quartier gangrené par le trafic de drogue.
Une étrange impression régnait hier cité de la Capsulerie à Bagnolet. Des camions de police en enfilade, des fonctionnaires armés à l'allure de Robocop ou en civil déambulant dans les allées, talkies à la main, d'autres dans les halls.
Malgré tout un calme relatif, avec des habitants continuant à aller et venir, comme Joël et Odile, la cinquantaine rayonnante, de retour du BHV à Paris, un paquet sous le bras. « Il doit y avoir des arrestations », suppose ce couple qui traverse la cité à chaque fois qu'il se rend au métro Gallieni, 200 m plus bas. Il y a eu hier six interpellations, des jeunes de 20 à 30 ans. Deux vivent dans le quartier, les autres viennent de Saint-Ouen et Montreuil. Un revolver, 19 kg de cannabis et 31 000 € ont été saisis.
C'est le hall 25 qui était particulièrement visé par le coup de filet, en début d'après-midi, lorsque les clients commencent à affluer. Les policiers de la sûreté territoriale étaient aux commandes, après un an d'enquête et de surveillances, sur commission rogatoire, l'objectif étant d'amasser des preuves pour toucher les acteurs de ce trafic connu de tout le monde ici.
D'après les estimations, cela rapporterait 20 000 € par jour
La « vente de bonbons », comme l'appellent certains riverains, se fait au grand air, sur le terrain à l'arrière du 25, en retrait de la rue. On y arrive par un chemin depuis le métro. Les acheteurs ne peuvent pas se perdre, ils sont guidés, par grappes. La drogue est dans un chariot, prête à vendre. Les « choufs » (guetteurs) quadrillent la cité pour repérer tout intrus qui viendrait les déranger.
L'omniprésence des dealeurs 7 jours sur 7 n'est pas simple à vivre au quotidien. « On ressent un sentiment d'impunité, si on vivait à Neuilly, on ne laisserait pas un tel trafic prospérer », pense une mère de famille attachée à son quartier mais très amère. Elle pense aux enfants qui peuvent voir un avenir dans la fonction de guetteur. Selon elle, le trafic a pris de l'ampleur depuis trois ans, lorsque la pression policière s'est accentuée à Saint-Ouen et à Saint-Denis, autres points de vente proches de Paris.
« Alors on s'est mobilisés à une dizaine pour alerter, mais on a eu du mal », reprend-elle, saluant l'engagement du premier adjoint (PC) Laurent Jamet -- par ailleurs candidat aux municipales -- et de Josiane Bernard, la conseillère générale (PC). « Peu nous ont soutenus », dit-elle en convenant que la police s'est escrimée à donner du fil à retordre aux trafiquants. En septembre, le tribunal de Bobigny a condamné un habitant de 29 ans à sept ans de prison et interdiction de paraître à Bagnolet après la saisie, en mars 2012, de 150 000 €, d'un fusil à pompe et d'une trentaine de kilos de cannabis, qu'il tentait de jeter par la fenêtre.
Mais le trafic a repris. A 20 000 EUR par jour, d'après les estimations, le commerce est juteux. Alors hier soir, la police gardait un oeil sur le quartier. Sans l'appui des CRS toutefois, accaparés par les manifestations de taxis.
Source : Le Parisien