Coubron résiste au béton... et pourquoi pas Aulnay-sous-Bois alors ?
Publié le 16 Juin 2011
Il n'y a pas longtemps j'ai jeté un oeil sur le journal du conseil régional et suis tombé sur la page 10 consacrée à Coubron. Un article est dédié à cette ville d'environ 5 000 habitants située en Seine-Saint-Denis et qui se distingue par son caractère rural. L'accroche m'a bien plu : Coubron résiste au béton ! On y apprend comment cette commune cultive son originalité avec une volonté affichée de garder sa spécificité. La région a d'ailleurs l'air de s'en féliciter.
En lisant, je n'ai pu m'empêcher de penser à Aulnay-sous-Bois. Evidemment, rien de comparable entre Coubron le village et notre bonne ville de plus de 80 000 habitants. A priori. Parce qu'à y regarder de plus près, l'idée qu'une commune à travers celles et ceux qui y vivent soit attachée à certaines caractéristiques qui en font le charme ou la distinguent des autres n'est finalement pas une question de nombre.
Prenons un exemple tout simple. Celui de la zone pavillonnaire. Elle représente un peu plus de 40 % du territoire aulnaysien, ce qui rend notre commune unique dans le département à bien des égards. La question n'est pas de rester figé sur des positions immobilistes qui excluraient la moindre évolution du tissu urbain. Elle est en revanche de savoir si en tant qu'habitants nous sommes prêts à laisser détruire cette spécificité sans réagir, seulement pour laisser assouvir à quelques-uns leurs délires mégalomanes d'une ville à plus de 100 000 âmes.
J'ai souvent entendu parler d'égoïsme à propos de celles et ceux qui défendaient la zone pavillonnaire d'Aulnay-sous-Bois du bétonnage. A Coubron, dans le même département, on a l'air de trouver cela tout à fait normal. Avouez que c'est tout de même troublant...
Ci-dessous l'article en question :
Connaissez-vous la Seine-Saint-Denis ? Ses pâturages qui se perdent dans les bois, son paysage de bocage, ses champs vallonnés bordés d'arbres et de bosquets... Non ? C'est pourtant cette vision verte et aérée qui s'offre au visiteur de passage à Coubron (93). Ce village d'irréductibles ruraux cultive son originalité à l'abri de la forêt de Bondy à 14 kilomètres de Paris. Déterminée à préserver son patrimoine agricole et forestier, la commune s'est alliée à la Région et à l'Agence des espaces verts (AEV) d'Ile-de-France en signant la charte des coteaux de l'Aulnoye. Au programme : protection de la biodiversité, actions pédagogiques, aménagement des espaces forestiers, maintien d'une activité agricole respectueuse de l'environnement...
Bois et terre agricoles
La charte n'en est pas restée au stade des belles intentions. Les responsables d'un élevage laitier qui occupait 50 hectares à Coubron devaient partir à la retraite. Mais pas question de laisser l'exploitation se disperser ! "La commune craignait que soient laissées à l'abandon certaines parcelles moins intéressantes, explique Benoît Lelaure, chargé de mission à l'Agence des espaces verts d'Ile-de-France. Le risque était alors de voir se développer des occupations illicites. Pour protéger un espace, le mieux est d'y construire un projet." L'AEV se lance alors dans une vaste opération foncière : 4,7 millions d'euros sont mis sur la table pour acquérir au total 80 hectares de terres agricoles et de bois éparpillés entre une centaine de propriétaires. Ensuite, un appel à projet est lancé pour trouver un agriculteur capable de valoriser le domaine en respectant la charte et les vœux de la commune.
Ferme idéale
C'est la candidature de Thierry Leleu qui est retenue. Un vrai coup de coeur ! Ardent défenseur de l'agriculture biologique et des circuits courts de type Amap, Thierry Leleu est déjà à la tête d'une exploitation de 60 hectares, dans l'Oise, qui emploie six salariés. Son projet : faire de son activité à Coubron une vitrine. "Mais, précise-t-il, pas une ferme pédagogique artificielle, une vraie exploitation maraîchère ouverte sur le public." Dans deux ou trois ans, les Coubronnais reverront des vaches paître dans leurs prés, pourront peut-être acheter à la ferme le fromage local, récolter eux-mêmes leurs légumes ou les cultiver dans les jardins familiaux. En attendant, l'Agence des espaces verts, la commune et Thierry Leleu investissent et travaillent à faire pousser leur ferme idéale dans un îlot rural planté au milieu du béton.
Source : Jean-François Hennion, le journal du conseil régional. Juin 2011.