Aulnay-sous-Bois : un mort lors d'un contrôle de police, camion brûlé, voitures incendiées, MonAulnay.com et Défrancisation.com
Publié le 11 Janvier 2012
Pas de doute possible. Avec un titre aussi racoleur, les statistiques de fréquentation déjà très bien portantes d'Aulnaylibre ! ( progression de 178 % entre l'année 2010 et 2011 ) devraient continuer à s'affoler ! Un mort lors d'un contrôle de police, camion brûlé, voitures incendiées, MonAulnay.com et Défrancisation.com voilà un drôle de mélange me direz-vous. Pourtant, derrière cette accumulation opportuniste se cachent un point commun et une vraie question : les faits divers et comment les traiter ?
Hier soir, en rentrant de la cérémonie des vœux à la mairie, je suis tombé sur cette dépêche laconique évoquant le décès d'un jeune homme lors d'un contrôle de police à Aulnay-sous-Bois. Il était évidemment très tentant de publier immédiatement cette information pour générer un maximum d'audience bien que les faits et les circonstances n'étaient absolument pas clairement définis. Ce matin pourtant, beaucoup de monde a relayé cet événement sans que rien de certain ne soit encore établi.
Comme dans un laboratoire de chimie, la substance que constitue les faits divers est toujours d'une manipulation hasardeuse et conduit parfois à quelques mésaventures étonnantes. Ainsi, récemment, à titre d'exemple, un article de MonAulnay.com à propos d'un camion brûlé, de voitures incendiées et d'un artisan révolté s'est retrouvé relayé (ici) sur un site d'extrême droite appelé Défrancisation.com. Ce dernier, bien qu'il se défende d'appartenir à cette mouvance, propage indubitablement des théories totalement nauséabondes et insupportables.
Bien entendu, MonAulnay.com et Défrancisation.com n'ont absolument rien en commun c'est une évidence , mais à force de jouer la surenchère en matière de faits divers le premier s'est retrouvé à faire le jeu de l'autre en alimentant et confortant ses idées extrêmes. C'est une leçon valant pour tous et qui tend à prouver que d'une manière générale les faits divers ne sauraient se diffuser et s'analyser sous le coup de l'émotion. A ce propos, et pour étayer ce point de vue, je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée pour Miguel Hernandez, actuel adjoint au maire à la démocratie participative à la mairie d'Aulnay-sous-Bois.
Lors d'une séance mensuelle de Conseil municipal, il avait été demandé d'observer, en préambule, une minute de silence en hommage à un étudiant américain retrouvé mort dans le parc départemental du Sausset. Monsieur Hernandez avait préféré sortir de la salle pour ne pas participer à ce moment. Non pas parce qu'il était indifférent à cet événement mais parce que, de son point de vue, il était sage et prudent d'en savoir plus sur les circonstances pour se faire une opinion et adopter la position qu'il convenait.
Ce fût un instant spécialement fort d'autant plus que Miguel Hernandez assuma seul ce positionnement. Avec le recul, il faut bien reconnaitre sa sagesse en la matière. Car aujourd'hui, le coup de l'émotion étant passé, qui se souvient et se soucie encore de ce fait divers, du nom de cet étudiant, des circonstances du drame et de la douleur de sa famille ? Probablement personne à Aulnay-sous-Bois !
Au vu de ces éléments, il parait donc évident que la course à l'audience n'excuse pas tout. Relayer de façon brutale des faits divers dans une sorte de surenchère émotionnelle peut avoir pour effet principal de mettre de l'huile sur le feu là où il faudrait au contraire prendre le temps et la distance nécessaires pour affiner l'analyse et la perception que l'on peut se faire d'un événement. Que les médias nationaux ou régionaux de renom se laissent aller à ce jeu pour gonfler artificiellement leur visibilité est une chose. Mais peut-être est-on en droit d'attendre un supplément d'exigence des blogs locaux, par essence plus proche des habitants ? Leur responsabilité et leur devoir ne sont-ils pas d'être un tant soit peu meilleurs... ?