Aulnay-sous-Bois, un élu CFDT de l'usine PSA s'exprime : "Seul Hollande pourrait nous redonner espoir"
Publié le 24 Avril 2012
Il y a fort à parier que les ouvriers de PSA d’Aulnay ne resteront pas bouchée bée jusqu’au deuxième tour. « Sarkozy nous a baladés », résume Saïd, en écho au rendez-vous au ministère de l’Industrie vendredi dernier avec la direction du constructeur. Les syndicats espéraient obtenir des engagements sur le maintien des 3000 emplois du site jusqu’en 2016.En vain. Aujourd’hui, c’est vers François Hollande que se tournent les regards, d’autant que le candidat socialiste ne s’est encore jamais prononcé sur le site. « C’est le seul qui pourrait nous redonner de l’espoir », estime Mohamed, élu CFDT. « On réfléchit à lui demander quels engagements il est prêt à prendre pour éviter la fermeture de l’usine », annonce Jean-Pierre Mercier, délégué CGT.
Les ouvriers qui acceptaient de s’arrêter quelques instants sous les trombes d’eau au moment de la relève hier à 14 heures étaient partagés mais se faisaient globalement peu d’illusions. « Personne n’a parlé des élections ce matin, lâche Hafida avant de grimper dans le car. Ce qui préoccupe tout le monde, c’est la fermeture. On n’a plus le moral… »Elle a voté Hollande, mais trouvait Mélenchon intéressant, à l’égard des étrangers notamment. « On nous fait passer pour des gens qui ne font rien alors qu’on travaille », explique cette femme qui gagne 1420 € après dix ans d’ancienneté.
Rafik aussi va voter Hollande, comme au premier tour. « Dans l’espoir qu’il nous apporte des perspectives au-delà de 2014. » « Qui m’embauchera à 42 ans si l’usine ferme? » questionne ce père de famille parisien qui gagne 1500 € par mois, le seul salaire du ménage. Saïd, qui n’a pas le droit de vote puisqu’il est marocain — mais qui aurait bien voté Mélenchon —, pense que la plupart des salariés vont voter Hollande. « Même si on ne sait pas ce qu’il peut faire contre la fermeture annoncée d’une société privée », ajoute-t-il.
De nouvelles mobilisations
Des journalistes américains d’extrême gauche interrogent aussi des travailleurs devant la porte 3, pour comprendre pourquoi « la révolution par les urnes de Mélenchon n’avait pas eu lieu ». « Parce que Mélenchon et les autres mangent tous dans la gamelle de la bourgeoisie! » balaye Norredin. « Poutou ou Arthaud, il n’y a qu’eux qui défendent les ouvriers! » pense cet élu CGT, qui promet déjà de nouvelles mobilisations. En dehors des urnes. « Il n’y a que le rapport de force qui compte », dit-il.
Source information et photo : Carole Sterlé. Le Parisien du mardi 24 avril 2012.