Aulnay-sous-Bois ne veut plus payer pour les assistantes sociales
Publié le 27 Décembre 2014
Ce sera l'une des premières mesures d'économie à Aulnay. La ville ne veut plus payer pour ses assistantes sociales et ses centres de planification familiale. Elle va mettre fin à la convention qui la liait depuis près de vingt ans au conseil général, lequel lui avait confié ces missions par délégation. La décision, prise lors du conseil municipal de décembre, ne signifie pas que ces services sociaux vont disparaître de la ville. Mais les effectifs resteront-ils les mêmes, des sites fermeront-ils ? Ces questions n'ont pas encore de réponse, et l'inquiétude grandit parmi le personnel. Le maire UMP Bruno Beschizza assure que la baisse des dotations de l'Etat ne lui laisse pas le choix : « Je ne fais que suivre les consignes du Premier ministre Manuel Valls, quand il dit aux collectivités de se recentrer sur leurs compétences. Les missions sociales relèvent du conseil général, on va simplement lui rendre ».
Depuis 1996, la ville gère un service d'assistantes sociales (elles sont aujourd'hui 22, dont dix contractuelles). Le conseil général assume 80 % des dépenses de personnel. Le reste, ainsi que les loyers et dépenses courantes, est à la charge de la municipalité. Idem pour les trois centres de planification familiale, où affluent en particulier les jeunes, qui peuvent y consulter un médecin, effectuer un test de grossesse, rencontrer une conseillère conjugale de façon anonyme et gratuite. Là aussi, le département finance environ 82 % des salaires et vacations effectuées par des médecins.
Dans les rangs de l'opposition municipale, on proteste. « Il serait regrettable que ce service auprès des jeunes et des familles perde en proximité », estime Évelyne Demonceaux, élue d'opposition PS, tandis que le communiste Miguel Hernandez martèle : « C'est la solidarité qu'il faut jouer, pas l'exercice comptable ! ». Le maire assure ne pas avoir les moyens de maintenir un service de qualité. En 2013, son prédécesseur socialiste, Gérard Ségura, avait lui-même envisagé le transfert des assistantes sociales, pointant une « dégradation lourde » du service public.
Le transfert des assistantes sociales promet d'être complexe. Car depuis vingt ans, la ville a embauché des « assistantes d'accueil », pour les épauler. La mesure était destinée à compenser les faibles effectifs prévus dans la convention (qui prévoyait une assistante sociale pour 3 952 habitants, alors que la moyenne départementale se situe à 2 600 habitants). Que deviendront ces assistantes d'accueil ? Elles ne seront pas transférées au département, mais pourraient être réparties dans d'autres services municipaux, dont le Centre communal d'action social (CCAS). Les assistantes sociales perdent là de précieuses alliées, aidant aux tâches administratives et à l'accueil du public.
De nouveaux postes seront-ils créés ? La délibération votée en conseil municipal affirme -- un peu vite -- que le déconventionnement « permettra au conseil général d'investir des moyens supplémentaires ». Stéphane Troussel, président PS du département, s'en étrangle : « On veut me mettre le pistolet sur la tempe pour entrer dans cette négociation. C'est une manière de prendre en otage les habitants les plus fragiles et les agents. J'ai aussi mes difficultés budgétaires, mais je ne remettrai pas en cause la convention de développement culturel avec Aulnay pour autant ». L'élu y voit une « offensive des nouveaux maires de droite » contre le social. Les négociations s'annoncent longues. Le sort des assistantes sociales d'Aulnay est censé être fixé d'ici six mois.
Source : Le Parisien