Aulnay-sous-Bois : les salariés de PSA en quête de reconversion !

Publié le 14 Octobre 2013

PSA_aulnay-tt-width-604-height-400.jpgIl y a un an, les voitures sortaient par centaines des ateliers de PSA Peugeot-Citroën d’Aulnay-sous-Bois. Fin octobre, les ouvriers de cette usine emblématique livreront leur dernière automobile. Sur le site les salariés se reconvertissent vers de nouveaux métiers. Reportage dans ces quelque 200 hectares quasi désert.

Sur le site de PSA de Aulnay la voiture est de rigueur pour se déplacer. Aussi grande que le quartier de la Défense, l’entreprise, située dans le nord de Paris, est située entre plusieurs autoroutes et l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle. Pour profiter de l’espace, la direction a choisi de placer dans ses locaux des centres de formation pour accompagner les salariés dans leur démarche de recherche d’emplois. Ainsi, d’un centre de formation à l’autre, il faut rouler un bon kilomètre entre des murs gris et des hangars vides. L’usine semble abandonnée. Plus qu’un millier de salariés foulent les couloirs des entrepôts et des bureaux. A plein régime, l’usine automobile, devenue un symbole de la désindustrialisation en France, pouvait produire 700 voitures par jour. Aujourd’hui uniquement une dizaine de voitures sortent des chaines d’assemblage.

“Ces inquiétudes sont aussi les leurs”

L’usine, dont la fermeture avait été annoncée en juillet 2012 (dans le cadre d’un vaste plan de restructuration), avait été paralysée par une grève entre janvier et mai, qui avait divisé syndicats et salariés. Depuis, elle essaye de reclasser les salariés en interne ou les oriente vers des emplois extérieurs. Sur les 3000 emplois supprimés, 1000 salariés sont encore sans futur. Dans une salle au deuxième étage d’un préfabriqué anonyme, une dizaine d’hommes, blouse PSA sur le dos, sont formés pour gérer une équipe dont les membres n’ont toujours pas trouvé de solution pour leur avenir. “Quatre salles : indécision, colère, argent, réussite” annonce la formatrice, “vous devez choisir quatre freins qui vous empêchent d’avancer dans votre recherche de travail.” Le bal se met en place.

 “Ils sont là pour s’entrainer pour quand ils viendront avec leur groupe faire ce petit parcoure de formation. Ils jouent une sorte de rôle. Ils font part des peurs de leurs collègues et doivent trouver une réponse pour les rassurer de leur avenir afin de les aider à réagir” explique Anne-Laure Descleves, responsable de communication chez PSA. La formatrice reprend “Alors comme freins nous avons : ma femme travaille et ne peut pas déménager. Je suis trop âgé pour trouver du travail. Je veux rester dans la maison mais mon poste n’existe pas. Je ne veux pas déménager” Des faux débats mais avec des préoccupations bien réelles “j’ai 52 ans.” “Je ne peux pas me permettre de déménager. La vie est trop chère.”, “Ma femme ira travailler où ?” “Faire 60km aller et retour, vous imaginez ?” Une prise de conscience collective selon Anne-Laure Descleves, car ”derrière le jeu théâtral, ces inquiétudes sont aussi les leurs.” 

Des lignes de montage aux lignes de bus

Un peu plus loin dans l’usine, direction l’un des Centre de transition professionnelle (CTP) qui doit former les anciens de PSA aux 300 postes proposés par la SNCF, Aéroports de Paris (ADP) et la RATP. Le 10 avril dernier, la direction de PSA Peugeot Citroën avait annoncé le programme de reclassement devant permettre à 300 salariés du groupe automobile de retrouver un emploi au sein de ces trois grandes maisons. Un partenariat en collaboration avec l’AFPA, Association nationale pour la formation professionnelle des adultes. Dans le hangar anciennement dédié aux prototypes de Peugeot-Citroën, se trouve la salle de cours pour la formation RATP. Une grille, un code, tout est très sécurisé pour y accéder.

Derrière les bancs d’école, quatre hommes sont assis. Chemise, pantalon à pince et cravate. Rasés de près, certains avec un peu de gel dans les cheveux. Tous ont rangés leur uniforme gris de Peugeot-Citroën pour adopter le look du chauffeur de bus le temps de la formation. “Ils préparent le permis D. Ils doivent suivre trois mois de formation, soit 385 heures de cours. Le 7 novembre les huit élèves passent le code et le 16 et le 20 décembre l’examen pratique” explique le formateur de l’AFPA Eric Pollet. La pause est finie. Le formateur distribue une grille de réponse. Le test recommence. Une image avec quatre voitures en file indienne sur une petite route de campagne “Vous faites quoi ?” “Je dépasse” “Oui si t’as une Porsche, mais c’est le code, et tu conduit un bus, alors ? …Tu doubles par paliers !” “Pas deux par deux ?” “Non”. Le but : la réussite. “Sur les 16 qui ont suivi la dernière formation, 15 ont réussis” souligne fièrement Jean-Luc Reale, le deuxième formateur. Gilet jaune fluo, il pose fièrement devant son bus avec le groupe qui apprend à conduire.

A l’intérieur du car, assis au deuxième rang, penché vers l’avant, Abdel lorgne avec envie sur le volant. L’ancien salarié PSA travaille dans l’usine depuis 15ans “j’ai décidé de me lancer dans la RATP car j’ai toute ma famille dans le transport. C’est un secteur que je connais un peu. Ca me permets de rester ici et de ne pas devoir déménager” raconte-t-il en s’agitant dans son blazer trop grand pour lui. De son côté, son voisin a décidé de se tourner vers cette formation pour se reconstruire une carrière “Au début je voulais intégrer l’usine de Sochaux. Mais faire 70 bornes aller et retour c’est trop pour moi. Alors à 46 ans j’ai décidé de me lancer dans un nouveau secteur. C’était maintenant ou jamais.” Au fond du véhicule un ancien ouvrier est “venu voir en quoi consiste la formation. Je veux m’y inscrire. Je ne vais pas continuer à attendre indéfiniment une solution.” Abdel le briefe un peu, car avant de réussir à accéder aux cours il faut passer des tests préliminaires. “On était vraiment beaucoup à passer l’examen d’entrée. Nous ne sommes qu’une petite minorité à l’avoir réussi”, soupire Abdel, en regardant son collègue. Conscient de sa chance dans ce climat morose où tout tourne au ralenti, Abdel n’attend qu’une chose : redémarrer. Tout comme l'espèrent les 3 000 autres salariés de PSA à Aulnay. 

Source : http://www.lesinrocks.com

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #Emploi

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