Aulnay-sous-Bois : le docteur Maurice Allouch à l’écoute des victimes de l'amiante

Publié le 2 Juillet 2013

mauriceallouch.jpgIl fait figure de patriarche ou de contremaître bienveillant, dans le travail de fourmi entrepris depuis des années par les associations et les élus autour du lourd dossier du CMMP. Maurice Allouch, médecin à la retraite, dirige bénévolement depuis 2009 le « comité de pilotage » local chargé d’informer le public et de recenser, à petite échelle, les victimes potentielles de l’amiante. L’homme est conseiller municipal d’opposition (UDI, ex-UMP), mais c’est à lui que le maire PS Gérard Ségura a fait appel. Le septuagénaire n’a pas hésité. « Ce n’était pas un projet politique, mais une affaire de santé publique et d’humanisme. » « On travaille extrêmement bien avec lui », confirme Gérard Voide, du collectif des riverains et victimes du CMMP.

C’est ainsi que l’ancien praticien s’est installé il y a plus de trois ans dans un petit bureau du centre municipal de santé de la rue Coullemont. Tous les mercredis, il tient une permanence d’information. Familles inquiètes, malades déclarés, anciens salariés de l’usine, il reçoit tout le monde avec la même bonhomie rassurante : « Quand les gens arrivent, ils sont à vif, il faut les prendre avec des pincettes », confie-t-il. Il lui faut d’abord expliquer son rôle. « Ce n’est pas une consultation, je n’ai pas la casquette de médecin », souligne-t-il. Mais à Aulnay, beaucoup connaissent le « docteur Allouch », qui avait ouvert son cabinet en 1970 à la cité de la Rose-des-Vents, après avoir étudié la médecine en Algérie.

S’il consent à jeter un œil sur les radios qu’on lui met sous le nez, le retraité oriente ensuite les malades potentiels vers un autre médecin ou le service de pneumologie de l’hôpital Robert-Ballanger. Il leur explique aussi les démarches à faire pour être indemnisé : « Quand quelqu’un est touché par l’amiante au travail, il est suivi. Quand il a été contaminé ailleurs, rien n’est prévu. » Maurice Allouch prend surtout le temps d’écouter et de consigner dans de minces dossiers les récits de ses visiteurs. Comme celui de cette femme résidant en province, qui avait quitté Aulnay à l’âge de 18 ans et n’a jamais travaillé dans un milieu à risques. « A 52 ans, elle a développé un mésothéliome. Enfant, elle était à l’école du Bourg et elle habitait à côté de l’usine… »

En trois ans, il a recensé 17 cas de plaques pleurales et 6 malades atteints d’un mésothéliome, dont trois sont décédés depuis. Certains après-midi, personne ne vient. L’information autour des risques liés au CMMP n’a jusqu’à présent circulé qu’au gré du bouche-à-oreille, du réseau associatif et des articles de presse. Maurice Allouch espère que la recherche financée par l’ARS touchera le plus grand nombre. « Retrouver les personnes qui ont été exposées, c’est un espoir de faire avancer les traitements et de mieux comprendre ces maladies. »

Source : Le Parisien

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #Amiante

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