Aulnay-sous-Bois : des fast-foods à la place du garage incendié
Publié le 17 Avril 2013
Des ruines noires de suie, puis des montagnes de gravats. « C’était Sarajevo, c’était une vision de guerre », se souvient une habitante. Pendant des années, ce paysage désolant s’est offert aux yeux des 20000 conducteurs empruntant chaque jour le rond-point de l’Europe à Aulnay-sous-Bois. Désormais, ce n’est plus qu’un souvenir. Sur le site de l’ancien garage Renault, incendié durant les émeutes de 2005, deux cubes se font face, surmontés d’enseignes bien visibles depuis la route.
D’un côté le visage souriant et barbichu du colonel Sanders, fondateur de la chaîne de restaurants KFC. De l’autre, les lettres blanches du Quick inauguré la semaine dernière. Deux autres bâtisses sont en travaux, un restaurant asiatique « Wok’n Roll » et un Lidl, censés ouvrir leurs portes d’ici la fin de l’année. On est loin des projets ambitieux des débuts, mais les clients ont déjà pris leurs habitudes.
Des ailes de papillon ont poussé sur les joues de Chainesse, 4 ans. Kevin, 15 ans, a reçu en cadeau un « truc avec des écouteurs ». Et Christine, l’énergique grand-mère, l’avoue volontiers : le Quick, « les enfants adorent, même s’ils ne mangent rien ». « On peut venir à pied, ajoute-t-elle. Cet été, on est beaucoup allés au KFC, parfois juste pour boire un Coca, manger une glace… ». Christine habite depuis 20 ans dans la cité de l’Europe, voisine du site. Avant, cette intérimaire prenait la voiture pour emmener la petite famille au centre commercial O’Parinor, haut lieu de distraction. « Ca mettra un peu de vie dans le quartier, espère-t-elle. La cité va leur donner du travail, il y a beaucoup d’enfants! »
Merima, 36 ans, termine son hamburger en résumant à son neveu un épisode de la série « Games of Thrones ». Bastien, 21 ans, avait déjà ses habitudes au KFC, ouvert depuis dix mois : « J’y viens une fois par semaine de Drancy, où je fais mes études ». Le menu étudiant, les boissons à volonté, tout cela convient à ce fils d’ouvrier de PSA, aux revenus modestes. Merima et Bastien se souviennent du garage Renault, de ses ruines « horribles à voir » : « Ca renforçait l’image de ghetto. Maintenant c’est un lieu de vie », glisse Merima. « Ce qui manque vraiment ici, c’est un cinéma. Pour voir un film, il faut prendre l’autoroute! », tempère Bastien.
Derrière les caisses, Jason, 19 ans, vient du quartier du Gros-Saule, Sanaa, 21 ans, habite à la Rose-des-Vents. « Nous avons travaillé avec la ville et Pôle emploi pour recruter une majorité d’Aulnaysiens », indique le gérant Eric Azan, qui a reçu… 500 candidatures, pour 40 postes à temps partiel, payés au smic horaire.
Source : Le Parisien